Les scènes de joie à l’Abbé Deschamps ont laissé place, trois jours plus tard, aux scènes de chaos à Geoffroy Guichard. Battu aux tirs aux buts, Saint-Etienne évoluera en Ligue 2 la saison prochaine alors qu’Auxerre obtient son ticket d’accession en Ligue 1, l’élite du football français.
Un barrage disputé
Dix-huitième et barragiste au terme de l’exercice 2021-2022 de Ligue 1, Saint-Etienne jouait sa survie dans l’élite face à Auxerre à travers une opposition aller-retour. Le match aller s’était soldé sur un score nul (1-1) au Stade de l’Abbé-Deschamps, où les Verts n’avaient pas su faire la différence dans le dernier geste. Mais c’est surtout que les hommes de Pacal Dupraz s’étaient fait surprendre dans les derniers instants par Gaëtan Perrin.
Finalement, l’opposition s’est terminée face à la tribune vide du Chaudron. Difficile de se dire que l’avenir d’un club se joue sur une séance de tirs aux buts, et pourtant, le fait est celui-ci. Hier soir, le « mur Thibaut Courtois » s’est bâti face aux offensives des Reds. Aujourd’hui, le « mur Donovan Léon » s’est forgé devant les attaques stéphanoises. Très vite sollicité (3e, 31e), le portier auxerrois a offert la qualification à l’AJ Auxerre en écartant le premier pénalty de la séance, tiré par Ryad Boudebouz.
L’AJA a su répondre
Au retour des vestiaires, l’AJA ouvrait le score par l’intermédiaire d’Hamza Sakhi (51e). Provisoirement éliminé, l’ASSE avait laissé son adversaire du soir enfiler un pied en Ligue 1. Mais comme à son habitude, Pascal Dupraz a su motiver sa troupe, capable d’aller inscrire le but de l’égalisation sur un corner dont la trajectoire était coupé par Crivelli de la tête, cette dernière dévier à son tour par Mahdi Camara dans le but auxerrois (76e). Saint-Etienne avait certainement fait le plus acariâtre, avant de buter à nouveau sur Léon, sauveur d’une défense fébrile et aux abois.
1-1 au match aller, 1-1 au match retour, et donc trente minutes de bonheur – enfin presque – en plus pour tous les supporters stéphanois, mais aussi auxerrois, venus en nombre. Ces minutes se transformèrent surtout en véritable course contre la montre. Les dernières minutes de jeu étaient insoutenables.
Pas assez dangereux pour espérer inquiéter l’homme de la soirée, les Stéphanois voyaient leur destin filer aux mains de la séance de tirs aux buts pendant que les Auxerrois ne pouvaient pas s’en plaindre, tant ils ont pu souffrir par moment au cours de la double confrontation. Cette séance a vu neuf pénaltys transformés et seulement un manqué. C’est ainsi que 10 ans après avoir terminé lanterne rouge de Ligue 1, L’AJ Auxerre retrouve l’élite du football français.
L’heure des conclusions
Les félicitations viennent en premier plan aux hommes de Jean-Marc Furlan, auteurs d’une saison remarquable – 3e de Ligue 2 avec 74 points. L’entraîneur de 64 ans a, lui aussi, réalisé un travail d’envergure, lui permettant de s’offrir une cinquième accession à l’élite après celles engrangées avec Troyes (2005, 2012, 2016) et Brest (2019). De l’autre côté, Pascal Dupraz mérite tout autant de louanges. Malgré un échec lors de la dernière étape pour le maintien, il a été l’homme de la réincarnation stéphanoise au cours de la seconde partie de saison.
Parmi toutes ces émotions vécues par tous les amoureux de football français, un certain dégoût a du mal à passer. Ce dégoût provoqué par la réaction des supporters stéphanois envahissant la pelouse à la suite du dernier tir au but de la rencontre. Des dizaines de lancers de fumigènes en direction de la tribune présidentielle ont incendié les sièges, avant même que les forces de l’ordre ne puissent intervenir. Un chaos total néanmoins vite interrompu, et fort heureusement. Entre autre, la vente de l’ASSE devrait arriver dans les prochaines semaines. Pendant ce temps-là, les Auxerrois se réjouiront d’affronter Kylian Mbappé et tant d’autres stars la saison prochaine.
Enfin, pour Auxerre, cette récompense met en valeur – en second plan -, le travail d’un homme : le président James Zhou. Arrivé en 2016 en tant qu’investisseur et promu président en décembre dernier, il a su donner un nouveau souffle à tout un club. Son unique objectif jusqu’à présent vient d’être réalisé et il peut désormais imposer son récent rôle de propriétaire-président pour tenter de faire grandir – à nouveau – l’AJA, qui n’a qu’une hâte : retrouver ses sommets et la Ligue 1, 10 ans après.