L’été dernier, un chapitre s’est refermé du coté de Liverpool. Après neuf années d’excellents services, Jürgen Klopp a décidé de quitter cet immense navire, redressé avec brio. C’est ainsi que Arne Slot est devenu le nouveau capitaine de bord il y a quelques mois. Le début d’un nouveau chapitre, qui semble pourtant assez proche de celui de son prédécesseur. Décryptage.
Avant le début de la saison 2024-25 de Premier League, il était légitime d’avoir plusieurs curiosités qui allaient attirer notre attention dès les premières semaines de compétition. Par exemple, quelles seront les excuses sorties par Erik Ten Hag après chaque déroute de son équipe ? Reece James jouera-t-il au moins dix matchs cette saison avec Chelsea ? Combien de fois Ange Postecoglou dira-t-il son fameux « mate » pendant ses conférences de presse ? Et plus sérieusement, avec combien de buts d’avance Erling Haaland finira-t-il meilleur buteur du championnat ? Allez, assez plaisanté et parlons désormais de l’un des vrais sujets excitants du début de saison en Angleterre : le Liverpool d’Arne Slot.
Si l’annonce du départ de Jürgen Klopp a créé un choc pour les fans de Premier League, et plus généralement pour la planète football dans son intégralité, beaucoup se sont ensuite demandé comment Liverpool allait gérer ce passage de témoin iconique. Ce relais a été effectué par Klopp lui-même à la fin de son dernier match à Anfield, où il a entamé un chant pour l’intronisation de son successeur, Arne Slot. C’est ainsi que, depuis plus de 100 jours, l’ère Slot a officiellement démarré sur les bords de la Mersey. Alors, que pouvons-nous dire sur ce Liverpool « new look » ? Quelles sont les différences entre ces deux équipes ? Analyse.
Des débuts réussis
Premièrement, nous devons évoquer le début de saison de Liverpool. En Premier League, le constat est le suivant (avant la J7) : 6 matchs, 5 victoires, 1 défaite. Mais aussi, quatre clean-sheets et 12 buts marqués contre deux encaissés. Dans un monde où Callum Hudson-Odoi, attaquant de Nottingham Forest buteur contre les Reds, n’existe pas, difficile de rêver d’un meilleur départ pour l’équipe d’Arne Slot. Le Néerlandais semble, en effet, avoir déjà trouvé ses marques en Angleterre et, par la même occasion, la formule gagnante à Liverpool.
« On ne gagne pas des matchs tactiquement, on gagne des matchs avec le travail fourni sans ballon »
Dès le début de la présaison, malgré l’absence de nombreux internationaux, l’ancien technicien du Feyenoord n’a pas ménagé ses efforts pour expliquer ses idées de jeu à travers plusieurs entretiens individuels avec les joueurs, ainsi que de nombreuses séances d’analyse vidéo. Ces dernières sont d’ailleurs plus nombreuses depuis l’arrivée du tacticien. Plusieurs séquences des matchs de son équipe sont analysées en détails, en plus des traditionnelles études vidéo sur les adversaires.
Passons maintenant au cœur du sujet : à quoi ressemble le Liverpool d’Arne Slot ? Avant d’y répondre, il faut mettre en avant une phrase prononcée par le boss des Reds après la victoire 3-0 à Old Trafford : « On ne gagne pas des matchs tactiquement, on gagne des matchs grâce au travail fourni sans ballon ». Ces mots peuvent sembler exagérés, mais il est vrai qu’au final, ce sont les joueurs sur le terrain qui font gagner des matchs, et non les entraîneurs.
Un héritage « Kloppien »
En tout cas, une chose est sûre : globalement, cette équipe des Reds a conservé les grandes lignes de son identité « Kloppienne », à savoir la forte contre-pression exercée à la perte du ballon et les attaques rapides à la récupération. C’est ce type de football que nous avons vu en majorité sous Jürgen Klopp à Anfield (2015-2024), et c’est autour de cette identité que l’effectif, dont Slot a hérité, a été bâti. Il est donc logique que l’entraîneur néerlandais et son staff s’appuient sur ces idées, car les joueurs ont assimilé ces principes de jeu sous le coach allemand lors des dernières années.
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De plus, Liverpool, sous la direction de Michael Edwards, n’a pas cherché à révolutionner l’effectif. La seule arrivée majeure pour la saison 2024-2025 est celle de l’ailier italien Federico Chiesa, après avoir échoué à signer leur cible principale pour le poste de n°6, Martín Zubimendi. Le travail de Slot consiste donc essentiellement en une refonte, où il cherche à apporter quelques éléments nouveaux à l’équipe. Tout en s’appuyant sur les fondations solides établies par Klopp.
Comment Liverpool presse-t-il avec Arne Slot ?
Sans grande surprise, l’ancien tacticien du Feyenoord veut continuer à appliquer ce qui a si bien fonctionné pendant des années sous Klopp, à savoir un pressing intense. Aurait-il été imaginable de concevoir ce nouveau Liverpool sans un fort gegenpress ? Probablement pas. Cette idée d’étouffer l’équipe adverse après la perte du ballon pour tenter de le récupérer rapidement fait partie de l’ADN de Liverpool depuis l’arrivée de Klopp. De la même manière, Slot demande à ses joueurs d’être agressifs et de chercher à reprendre le contrôle du ballon le plus rapidement possible après l’avoir perdu. Dans cette optique d’agressivité et de récupération rapide, le nouveau boss des Reds a mis en place un système pour récupérer le ballon le plus haut possible.
Un jeu sans ballon prépondérant
Il est aussi intéressant de constater que le technicien néerlandais utilise Szoboszlai dans un rôle très avancé lors du pressing, probablement en raison du gros volume de jeu sans ballon du Hongrois, capable de répéter les efforts à haute intensité de manière régulière. L’autre hypothèse serait que Szoboszlai soit placé plus haut pour qu’il soit rapidement proche des « 16 mètres », une fois le ballon récupéré. Il aurait donc un plus grand impact offensivement. Bien que l’échantillon soit réduit, sur ce début de saison 2024-25, Szoboszlai a tenté 10 tirs, dont 7 à l’intérieur de la surface (stats J3). En comparaison, la saison dernière, il n’a tiré que 17 fois en dehors de la surface de réparation sur 60 tentatives au total.
Cependant, le changement le plus notable dans ce début de saison pour les Reds reste la réaction après la perte du ballon. Tous les joueurs travaillent intensément pour revenir défendre et éviter de laisser trop d’espaces exploitables par l’adversaire en contre-attaque. « Ce que nous avons très bien fait lors des trois matchs, c’est notre travail sans ballon », a d’ailleurs déclaré Slot, après le match contre Manchester United.
Sans surprise, il fait de nouveau référence au fameux work rate, c’est-à-dire les efforts fournis par les joueurs lorsqu’ils n’ont pas le ballon. Sa satisfaction est probablement liée au fait que son équipe protège mieux son gardien que lors des deux dernières saisons, en perturbant mieux ses adversaires grâce à ces efforts défensifs. Liverpool n’a encaissé qu’un seul but en Premier League sur ce début de saison 2024-2025. En termes de xGA concédés (indicateur de la qualité des tirs pris par les adversaires), Liverpool affiche actuellement la plus petite valeur de la ligue avec 4,5 xGA.
La patience, le nouvel adage des Reds
La saison dernière, Liverpool a probablement échoué à remporter le championnat à cause de sa défense trop fragile, insuffisamment protégée par le reste de l’équipe. En conséquence, elle était exposée à de nombreuses vagues offensives adverses, avec un bloc équipe trop ouvert et une rest defense (organisation de l’équipe à la perte du ballon) insuffisante. Ainsi, Liverpool avait concédé plus de 45 xGA, un chiffre bien plus élevé que ceux de City et Arsenal (environ 35 pour City et… moins de 30 pour Arsenal).
Pour son premier match en Ligue des champions de la saison, Liverpool a écrasé l’AC Milan chez eux, avec une victoire convaincante (3-1). Les Rossoneri n’ont pratiquement pas existé durant la quasi-totalité de la rencontre, étant écrasés par le pressing asphyxiant des Anglais, malgré l’ouverture du score après seulement trois minutes de jeu.
« Tuez-les avec des passes »
Une autre caractéristique du Liverpool de Slot est que son équipe se montre désormais plus patiente avec le ballon qu’auparavant. Lors d’un entraînement pendant la tournée estivale des Reds à Philadelphie, on peut entendre Slot dire dans une vidéo sur la chaîne YouTube du club : « Tuez-les avec des passes ». Même si cela n’a pas toujours été visible depuis le début de la saison, nous avons déjà pu observer, sur certaines séquences, la volonté de l’équipe d’Arne Slot d’attirer l’adversaire pour le faire sortir et laisser des espaces derrière son premier rideau de pressing. Afin de créer des espaces plus haut sur le terrain, les Reds conservent le ballon très bas, attendant qu’une partie du bloc adverse vienne presser.
Sortir de la pression autrement
Comme évoqué précédemment, tout n’est pas encore parfait dans cette volonté de conserver davantage le ballon pour créer des espaces. Les Reds ont même semblé empruntés en première période contre Ipswich, quand il s’agissait de dicter leur tempo au match, par exemple. Arne Slot a réagi à cette mauvaise première période en intronisant Konaté à la place de Quansah dès la reprise après la pause. Le coach néerlandais n’était pas satisfait du nombre de duels gagnés par ses joueurs, un aspect qu’il considère fondamental pour « contrôler » le déroulement d’une partie. Lors du match contre les Wolves, Liverpool a également, par moments, paru emprunté dans sa manière de développer le jeu. Toutefois, cela n’a pas eu de conséquences, puisque les Reds ont remporté la rencontre sur le score de 2-1.
Sur toutes les séquences vidéos ci-dessous, il est évident de percevoir que Liverpool essaie de surcharger la « zone 1 », dans le but de faire « sortir » les joueurs adverses pour créer des espaces plus haut sur le terrain.
Des individualités à haut potentiel
Il est évident que ce Liverpool 2024-2025 est perfectible (quelle équipe ne l’est pas ?), son entraîneur ne vous dira pas le contraire, mais il faut tout de même saluer le très bon début de saison des Reds tant sur le plan comptable que sur le plan du jeu. Il suffit de voir le niveau affiché par les joueurs depuis l’arrivée du technicien néerlandais dans la Mersey pour se rendre compte de la belle symbiose qui fleurit dans ce club.
Salah est toujours efficace et a encore la faculté de pouvoir faire la différence à n’importe quel moment, Luis Diaz est lancé pour réaliser sa meilleure saison en Angleterre, Szoboszlai retrouve plus d’importance dans les 30 derniers mètres, Ryan Gravenberch réalise un superbe début de saison et semble presque déjà avoir fait oublié l’échec du dossier Zubimendi l’été dernier. La charnière Konaté-Van Dijk, les deux colosses des airs, est ce qui ce fait probablement de mieux dans le monde.
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La liste d’individualités qui brillent du coté de Liverpool pourrait être plus longue encore dans les prochaines semaines, étant donné que les latéraux ne sont, par exemple, pas encore à leur meilleur niveau (notamment Robertson). Darwin Nunez, Cody Gakpo et Chiesa, quant à eux, n’ont pas eu encore trop l’occasion de se montrer, et nul doute qu’ils vont avoir leur importance à un moment donné dans la saison. Liverpool possède probablement l’un des meilleurs effectifs d’Europe. Slot a ainsi la chance de pouvoir compter sur des individualités très intelligentes et qui se connaissent très bien.
Illustrations et conclusion
Pour illustrer la qualité de ces joueurs, regardons l’exemple d’un but marqué sur ce début de saison : le but de l’ouverture du score contre Manchester United, qui souligne à la fois les qualités techniques mais aussi l’intelligence de jeu des joueurs de Liverpool.
Ainsi, tout semble se passer pour le mieux dans le meilleur des mondes pour Arne Slot en Angleterre. Certes, la saison est encore très longue et nul ne sait ce qu’il peut se passer dans le football, mais les débuts du coach néerlandais sont très encourageants et porteurs d’espoirs pour la saison des Reds. L’avenir du club semble être entre de bonnes mains, même si ce futur pourrait bien se concevoir sans des joueurs comme Virgil Van Dijk, Trent Alexander-Arnold ou encore Mohamed Salah, tous en fin de contrat à l’issue de la saison actuelle. Mais d’un autre côté, cela signifierait qu’un nouveau chapitre est à écrire.
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