Fabian Hürzeler, le nouveau Nagelsmann qui doit faire oublier De Zerbi à Brigthon

Parmi les nombreux entraîneurs ayant participé à la traditionnelle valse des coachs de l’été, Fabian Hürzeler est peut-être celui qui a hérité du plus grand défi. Certes moins médiatisé qu’un Thiago Motta parti à la Juve ou qu’un Vincent Kompany à la tête du Bayern Munich, l’Allemand se tient pourtant devant un immense challenge : faire oublier à Brighton la perte de Roberto De Zerbi.

Fabien Hurzeler Brighton Premier League
Fabian Hürzeler vit sa première expérience d’entraîneur en Angleterre. Photo : James Boardman/Brighton & Hove Albion FC

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la tâche sera ardue pour Fabian Hürzeler. Tout juste propulsé à la tête de Brighton, l’Allemand doit remplacer un entraîneur qui a véritablement marqué de son empreinte les Seagulls. Arrivé en septembre 2022 à Brighton pour pallier le départ de Graham Potter à Chelsea, De Zerbi jouissait déjà à l’époque d’une belle cote sur le marché des coachs. Mais lors de cette fameuse saison 2022-2023, l’équipe de « RDZ » dépasse toutes les attentes, et avec 62 points au compteur, elle se classe sixième de Premier League devant notamment Tottenham et… le Chelsea de Potter, remercié en avril. En une seule saison, De Zerbi écrit ainsi l’une des plus belles pages de l’histoire de Brighton, qui se qualifie pour la première fois pour une compétition continentale, l’Europa League.

Une collaboration fructueuse qui laisse des regrets

Dès lors, on se dit que la romance entre Brighton et De Zerbi est faite pour durer. Loin de la pression des clubs du « Big Six », l’Italien a transformé Brighton pour en faire l’une des plus belles équipes d’Europe, avec un jeu de possession offensif et très identifiable. Pour sa deuxième saison dans le sud de l’Angleterre, De Zerbi conserve cette philosophie offensive et s’offre des débuts prometteurs en Europe, en terminant leader de sa poule d’Europa League. Cependant, la saison 2 du Brighton de De Zerbi s’avère finalement être moins réussie que la première, avec une élimination dès les 16es de finale d’Europa League face à l’AS Rome, et une anonyme onzième place en championnat.

L’analyse du début de saison de Fabien Hürzeler par les chroniqueurs de Box to Box, notre émission partenaire.

« Roberto De Zerbi est l’un des managers les plus influents de ces vingt dernières années »

Pep Guardiola, entraîneur de Manchester City

Alors, les prémices du divorce apparaissent. De Zerbi ne semble plus avoir les mêmes ambitions que Brighton et que son président, Tony Bloom, qui refuse notamment de changer la politique de recrutement du club, basée sur l’achat de jeunes potentiels à développer. Ce désaccord grandissant amène les deux hommes à la même conclusion, et le 18 mai 2024, Brighton annonce la fin prématurée de sa collaboration avec l’entraîneur italien.

Les Seagulls se retrouvent orphelins de l’un des meilleurs coachs de Premier League, dont le travail a été unanimement salué par ses homologues. À commencer par l’iconique Pep Guardiola, avant une rencontre face au Brighton de De Zerbi en fin de saison : « Faites attention à ce que je vais dire car je suis convaincu que j’ai raison. Roberto De Zerbi est l’un des managers les plus influents de ces vingt dernières années. (…) Il est de loin meilleur que tous ses adversaires. Il monopolise le ballon comme je ne l’ai pas vu depuis très, très longtemps ».

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Le pari Fabian Hürzeler, un changement dans la continuité ?

A priori, ce choix a donc tout d’un pari risqué, ce que Tony Bloom a immédiatement voulu tempérer lors de la présentation officielle de coach Hürzeler, en juillet dernier : « Ce n’était pas un pari (…) c’était même l’option la moins risquée pour Brighton ». Mais en y regardant de plus près, est-ce que le président des Seagulls n’aurait pas raison ? Remplacer un tel entraîneur ne semble pas être chose aisée. Mais comme souvent, Tony Bloom a des idées. Et il va une nouvelle fois le montrer en faisant le pari Fabian Hürzeler. À seulement 31 ans, l’Allemand est ainsi devenu le plus jeune manager de l’histoire de la Premier League.

Tony Bloom, président du club, mène une politique bien tranchée. Photo : Brighton & Hove Albion FC

Comme son âge l’indique, Hürzeler ne jouit pas d’une expérience très fournie : 55 petits matchs en tant qu’entraîneur principal ont suffit à convaincre le board des Seagulls. Son principal (voire seul) fait d’armes, une montée en Bundesliga avec le FC Sankt Pauli, club de la banlieue d’Hambourg. Avant cela, Hürzeler n’avait connu que des postes d’assistants, d’abord en sélection allemande (U20 puis U18), puis au FC Sankt Pauli où il est arrivé en août 2020, avant d’être propulsé comme intérimaire en 2022 à la manière d’un Will Still de l’autre côté du Rhin.

Car oui, celui qu’on surnomme parfois « le nouveau Nagelsmann » a tout du jeune prodige. Joueur de football moyen, Hürzeler s’est vite consacré à sa future carrière d’entraîneur. Au point même d’être à la fois entraîneur et joueur lors de son passage au FC Pipinsried, club de cinquième division allemande… à seulement 24 ans.

Hürzeler, « jeune homme » venu bousculer l’establishment

Fabian Hürzeler est depuis ses débuts un entraîneur avec des principes offensifs clairs et établis, comme le détaillait Patrick Guillou, grand suiveur de la Bundesliga, auprès de L’Equipe : « Sa source d’inspiration, c’est le Bayern. Gagner ne suffit pas, il faut gagner avec la manière ». « Je suis un jeune homme, mais je ne suis pas un jeune coach. Je suis venu pour bousculer l’establishment », clamait l’Allemand lors de sa présentation à Brighton.

Cette obsession pour la victoire et la manière se couple à une haine de la défaite qu’il transmet à ses équipes, comme ce fût le cas avec le FC Sankt Pauli l’année dernière. Les joueurs de Fabian Hürzeler ont ainsi entretenu une dynamique invraisemblable dès le début de saison, en restant invaincus en championnat pendant les vingt premières rencontres, soit jusque février. Cette dynamique a permis au FC Sankt Pauli de finir champion de Bundesliga 2, inscrivant au passage 62 buts en 34 rencontres.

Avant d’affronter Liverpool, Brighton occupe la 6e place de PL. Photo : Brighton & Hove Albion FC

Attentifs à la grande saison réalisée par le coach allemand, Tony Bloom et ses conseillers ont également pu observer certaines similitudes avec le jeu prôné par De Zerbi. Hürzeler est en effet adepte d’un jeu fait de grandes phases de conservation, dans un schéma préférentiel en 3-4-3. Il insiste notamment sur le rôle de son gardien qui, en participant activement au travail de relance, doit attirer le pressing adverse pour créer le décalage… un principe là encore très « De Zerbien », devenu une spécialité pendant deux saisons avec Jason Steele et Bart Verbruggen, les portiers des Seagulls. Ajoutez à cela une envie constante d’aller de l’avant pour rendre heureux les supporters et vous obtenez le profil parfait recherché par Brighton, pour rester dans la continuité de De Zerbi.

Des débuts prometteurs…

Mais alors, que peut-on penser des débuts de Fabian Hürzeler ? Pour l’instant, force est de constater que, malgré les doutes survenus à son arrivée, le manager allemand répond plus que présent. Après neuf journées de championnat, Brighton pointe à la cinquième place du classement, avec une seule petite défaite face au Chelsea d’un Cole Palmer en feu, auteur d’un quadruplé.

Pour le reste, la patte du coach allemand est déjà bien présente, comme en témoigne le premier match de l’ère Hürzeler : une victoire 3 à 0 face à un Everton dépassé, et avec une possession de balle frisant déjà les 65 %. La volonté affichée de « bousculer l’establishment » était au fond bien réelle puisque Brighton, déjà vainqueur de Manchester United et de Tottenham, a également su ramener un nul de l’Emirates Stadium d’Arsenal (1-1). Logiquement, le fameux prix d’entraîneur du mois est revenu, en août, au jeune Hürzeler, arrivé comme une météorite dans le paysage des entraineurs de PL.

avec des limites prévisibles

Cependant, les limites du jeu de coach Hürzeler se sont également confrontées aux joutes de la Premier League. D’une part, celle d’une possession abusive et parfois trop stérile qui s’avère inefficace face aux défenses aguerries d’Angleterre, moins permissives que celles de Bundesliga 2. D’autre part, la volonté constante d’attaquer de Hürzeler ne règle pas le principal problème pointé sous De Zerbi : Brighton reste une équipe parfois naïve, qui se fait punir en fin de match. Les Seagulls se sont déjà fait avoir par deux fois cette saison, concédant à chaque fois un match nul contre Nottingham Forrest (2-2) et plus récemment contre Wolverhampton (2-2, en concédant deux buts dans les cinq dernières minutes). De simples avertissements sans doute, mais que le coach Hürzeler, parfois un peu borné, devra considérer s’il veut faire une grande saison selon son ancien président à Sankt-Pauli.

« Il n’aime sans doute pas entendre cela mais il va devoir apprendre, notamment à perdre »

Oke Göttlichn, président de Sankt Pauli

Finalement, seul l’avenir nous dira si Fabian Hürzeler était l’homme de la situation pour remplacer De Zerbi. Une chose est sûre, il pourra compter sur les recrutements de qualité des Seagulls, qui année après année font éclore de nouveaux talents au plus haut niveau. Qui sait, Mats Wieffer et Brajan Gruda deviendront peut-être les Adingra et Mitoma de De Zerbi, ou encore les Cucurella et Moses Caicedo de Potter. Pour l’heure, c’est maintenant à Fabian Hürzeler de jouer à l’apprenti sorcier avec les Seagulls.

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Louka Dziurla

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