Considéré comme l’un des plus grands tireurs de coups francs de l’ère moderne du football, le milieu anglais James Ward-Prowse laissera de son empreinte en Premier League. Notamment sous les couleurs des Saints de Southampton, où il est devenu l’idole de tous les supporters. Désormais, c’est à West Ham qu’il espère briller et peut-être détrôner David Beckham, son idole.

Vous le connaissez sans doute pour son pied magique. Ses coups francs ont fait le tour du monde. Mais James Ward-Prowse (29 ans), c’est aussi un milieu de terrain polyvalent. Ou encore l’un des joueurs les plus fidèles à son club formateur, une qualité suffisamment rare de nos jours pour être soulignée. Outre-Manche, l’Anglais est une source d’angoisse pour ses adversaires depuis plus de dix ans maintenant. Là où, ailleurs, il peut être réduit à un simple joueur de fléchettes sur coups de pied arrêtés.
Il faut reconnaître néanmoins qu’il s’agit bien de la qualité première de l’international anglais. « C’est le meilleur tireur de coup franc que j’ai jamais vu », déclarait même Pep Guardiola en conférence de presse, en janvier 2022. De là à être meilleur que Messi, passé sous les ordres du Catalan ? Pourquoi pas. Mais l’entraîneur espagnol sait aussi reconnaître que « JWP » n’est pas seulement un tireur de fléchettes : « Comme il est si fort (sur coup franc, ndlr), on pourrait parfois en oublier que c’est aussi un excellent joueur, avec ou sans le ballon ». Revenons donc sur les secrets de cet art, mais pas seulement, puisque le meilleur coach du monde – point de vue subjectif – nous parle d’un « excellent joueur ». À ce point-là ?
L’enfant de Portsmouth file chez le rival
Avant de devenir un joueur fidèle à son club, le Southampton FC en l’occurrence, James Ward-Prowse a d’abord commencé sa « carrière » par une petite trahison. Du moins, aux yeux de sa famille. Partisans du Portsmouth FC, rival de la côte sud avec Southampton, les proches du jeune James ne vivent pas les années les plus glorieuses du club. Au début des années 2000, alors que « JWP » est seulement âgé de huit ans, Portsmouth traverse en effet une grave crise financière, avant de retrouver son niveau d’antan un peu plus tard, atteignant même la Premier League pour la première fois en 2003. Et rejoignant ainsi Southampton qui, quelques saisons après, connaîtra plus ou moins les mêmes complications que son voisin de la rive sud.

Mais dans la tête du petit James, âgé de neuf ans au moment de la relégation du voisin, plus rien ne peut casser le lien qui l’unit avec Les Saints. Là-bas, Ward-Prowse passe les échelons de l’académie sans encombre, avant d’être lancé pour la première fois en équipe première en Coupe de la Ligue… à seulement 16 ans.
Pour se préparer à un tel saut dans le si réputé football professionnel anglais, son père l’avait d’ailleurs envoyé secrètement chez les seniors du Havant & Waterlooville, club semi-professionnel. « Je n’étais pas le joueur le plus coriace quand j’étais enfant. C’était probablement l’une des parties les plus faibles de mon jeu », confirme le milieu de terrain quelques années plus tard, sur le site de West Ham, son club actuel. Il aura donc fallu 20 ans pour que James Ward-Prowse quitte Les Saints, là où il aura fait toutes ses classes.
« JWP », un génie du coup franc avant tout

Pendant toutes ces années au bord de la mer, « JWP » ne s’est pas contenté de narguer sa chère famille partisane de Portsmouth. Il a surtout multiplié les heures d’entraînement, et notamment les « spécifiques coups francs ». Il se souvient : « Ma mère me criait de venir dîner et j’en frappais un de plus, puis un de plus, et maintenant j’ai le même problème pour faire entrer mon petit ! »
Jusqu’à en devenir le recordman du nombre de buts inscrits sur coups francs directs en Premier League ? Pas encore, mais presque ! Seule son idole David Beckham le dépasse avec 18 réalisations, tandis que Ward-Prowse en a inscrit 17. « Je pense que ce n’est un secret pour personne que David Beckham a eu une énorme influence sur moi. Il était une idole pour moi et, même si je considère le n°7 comme un ailier, je me suis dit pourquoi ne pas enfiler ce maillot numéro sept », déclarait-il sur le site de West Ham, à son arrivée cet été. D’ailleurs, voyez-y un signe ou pas, mais quand la légende anglaise inscrivait son premier coup franc en 1996, son adversaire n’était autre que l’équipe de Southampton.
Une réussite à toute épreuve

Les deux milieux anglais ont aussi une manière de frapper les coups francs plutôt similaire. Un constat appuyé par une analyse du média anglophone The Athletic : « Il est courbé lorsqu’il frappe, suivi d’un retrait rapide de son pied gauche pour laisser de la place à son pied droit pour atterrir ». Une méthode loin d’être révolutionnaire certes, mais qui a prouvé son efficacité.
Un peu plus de dix ans après son premier coup franc, le 2 novembre 2013, « JWP » tablait à 13,4 % de réussite sur coups francs directs en championnat, selon Opta. Au-dessus de Lionel Messi notamment (9,4 %). Au-dessus, aussi, de tous les tireurs en activité, tout simplement. Depuis que Opta analyse ces données (2006), seul le milieu de terrain brésilien Diego (Atlético Madrid, Juventus, Werder Brême et Wolfsburg) fait mieux : 15,5 % de ses coups francs directs ont terminé leur course dans les filets.
Conclusion, le milieu de terrain anglais est unique en son genre. Il réalise ce que personne n’avait réussi jusqu’à présent. Du moins, pas avec autant de précision et de régularité.
L’envol en terre inconnue
Arrivé au plus jeune âge dans un club qui restera définitivement le sien, « JWP » a donc déferlé les pelouses de PL pendant onze années sous les couleurs de Southampton. Son arrivée à West Ham, l’été dernier, était donc un grand saut dans l’inconnu pour le milieu anglais. La fin d’une aventure longue de deux décennies avec les Saints, relégués en Championship, une première depuis leur montée en 2012.

Pour Ward-Prowse, cette période marque le début d’une nouvelle aventure à West Ham. Avec, à la clé, un transfert coûteux (30 millions de livres sterling) pour le club londonien, qui cherchait à pallier les nombreux départs dans son entrejeu. Devenue une valeur sûre de l’effectif de David Moyes, en l’espace de quelque mois, Ward-Prowse s’est logiquement imposé comme un leader technique chez les Hammers. Pas étonnant, finalement, pour un joueur qui était la cible des cadors de Premier League, cet été.
Car ses prestations de haute volée ne datent pas d’hier. Depuis 2018, Ward-Prowse est le joueur de Premier League qui crée le plus d’occasions (189, chiffres pris en novembre 2023). Bien plus qu’un relayeur ou qu’un simple gratteur de ballons, James Ward-Prowse incarne le rôle du milieu « box to box », dont la définition devient de plus en plus flou et parfois, aussi, insignifiante. En seulement 16 rencontres, ses premières sous les couleurs de West Ham, il délivrait neuf passes décisives, créant par ailleurs 46 occasions.
Un Euro 2024 remis en question ?
Toujours aussi primordial au bien-être de son équipe, Ward-Prowse a débuté l’intégralité des matchs de championnat cette saison, en étant souvent épaulé par Tomáš Souček, pointe basse du milieu, le rendant plus libre sur le terrain. À 29 ans, sous contrat jusqu’en 2027, il prouve pour la première fois qu’un changement de club ne freine pas sa progression. Et que son « dépaysement » à Londres n’a aucun impact sur ses performances.

Surprenant tant par son talent que par sa discrétion, James Ward-Prowse doit évidemment avoir la tête à l’Euro 2024, qui aura lieu en Allemagne. Pourtant, la sélection des Three Lions semble s’éloigner peu à peu du milieu de terrain anglais (11 sélections, 2 buts). Il n’a plus joué pour sa sélection depuis juin 2022 et un match nul contre l’Italie en Ligue des Nations (0-0).
Des absences répétées dans le groupe de Gareth Southgate qui ne manquent pas de faire réagir sur les plateaux des télévisions anglaises. Le principal concerné, quant à lui, « n’y pense pas trop. Il y a quelques éléments à prendre en compte pour intégrer l’équipe d’Angleterre. La première chose est qu’il faut jouer régulièrement. Et puis c’est au sélectionneur de décider si je joue au bon niveau. » À noter que Gareth Southgate l’avait lancé en 2013 avec les Espoirs anglais (31 sélections, 6 buts).
Depuis, James Ward-Prowse s’est imposé dans le championnat européen le plus rugueux. Ce n’était pas une mince affaire. Et pourtant, à 29 ans, le milieu anglais a encore de belles choses à accomplir. Au-delà de l’Euro 2024, compromis, « JWP » poursuit son petit bonhomme de chemin avec West Ham… Avec un objectif clair et net : égaler David Beckham.
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