Ces dernières semaines, le visage du football catalan a changé. Le FC Barcelone, qui régnait en maître sur la région, a été remplacé par le Girona FC, sensation du début de saison en Liga. En s’imposant 4-2 face au Barça le 10 décembre dernier, Gérone a mis la main sur la Catalogne. Avant peut-être de pouvoir rêver plus grand.
![Girona FC, espagne Liga](https://toiledufooteux.fr/wp-content/uploads/2023/12/F_9-FxZWYAAhzZj-800x534.jpg)
Le Girona FC rassemble toutes les caractéristiques du fameux « tube de l’été » du football européen. Vous voyez, cette équipe sympathique pour laquelle on s’enflamme à la mi-septembre, celle pour qui les plus téméraires parlent de titre dès la 5e journée, celle qui est à chaque fois remise à sa place par un patron avant de rentrer dans le rang. Gérone aurait pu suivre ce cheminement annuel après la 8e journée de Liga, lorsque le Real Madrid est venu doucher les 14 000 supporters du stade Montilivi (0-3). Pourtant l’été est aujourd’hui bien loin de nous, et Gérone est solidement installé à la deuxième place de Liga. Si bien qu’une question revient de plus en plus en Espagne, et semble de moins en moins incongrue au fil des semaines : Gérone peut-il vraiment être champion de Liga ?
Un club nouveau dans le paysage espagnol
![Gérona FC, stade Montilivi](https://toiledufooteux.fr/wp-content/uploads/2023/12/GBk9MGrWEAAxZ7Q-800x533.jpg)
Le Girona FC est loin d’être un historique du football espagnol, comme en atteste son palmarès : cinq titres de champion de D4, un titre de champion de D3 en 2008. Voilà à quoi peut se résumer la salle des trophées du club catalan. Gérone rentre dans la cour des grands pour la première fois lors de la saison 2016-2017, lorsqu’une place de dauphin de la Segunda División lui offre l’accès à l’élite du football espagnol.
L’année 2017 est aussi celle de l’entrée dans la galaxie du City Football Group. Le Girona FC, désormais sous pavillon émirati, devient le deuxième club du City Football Group en Europe. Portés par cet élan, les Catalans réalisent une première saison dans l’élite plus qu’encourageante, en terminant à une solide 10e place. Mais la saison suivante sera celle du premier échec pour ce Gérone version City Group, avec une 18e place de Liga, synonyme de relégation pour les Blanquivermells.
Après trois années de galère en Segunda División, le Girona FC fait son retour dans l’élite en 2022. Et comme lors de la première montée, la saison du retour se conclut par une belle 10e place. Dès lors, il s’agit de confirmer pour Gérone. Une mission périlleuse confiée à l’homme de la remontée : Miguel Ángel Sánchez Muñoz, dit Michel.
Qui sont-ils ?
Il est temps de présenter les hommes qui ont fait de Gérone un potentiel prétendant au sacre en Liga. La saison en cours est la troisième saison de l’ère Michel à Gérone. Pourtant, rien ne prédestinait l’entraîneur de 48 ans à une telle réussite, dans la mesure où ses deux précédentes expériences ne plaidaient vraiment pas en sa faveur. L’Espagnol restait sur deux lourds échecs en Liga, et a été à chaque fois contraint de quitter son club en cours de saison (en mars 2019 au Rayo Vallecano, puis en janvier 2021 à Huesca). Dans le spectre espagnol, Michel était ce très bon entraîneur de D2 qui n’a jamais réussi à passer l’étape du dessus. Une sorte de Jean-Marc Furlan ibérique, si vous préférez.
Mais cette saison, Michel a réussi l’impensable en pratiquant un football fait de mouvement, plein de culot, contagieux. Son Gérone est une équipe protagoniste, capable de dominer le Barça de Xavi ou le Séville de Mendilibar, dernier vainqueur de l’Europa League. Capable de jouer à 4 comme à 3 derrière, le Girona FC est une équipe flexible tactiquement, même si un système en 3-4-2-1 semble se dégager ces dernières semaines.
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On peut d’ailleurs y trouver quelques similitudes avec le Bayer Leverkusen de Xabi Alonso, leader tout aussi inattendu de son championnat. Michel partage avec son compatriote la volonté constante d’attaquer, comme l’a montré le match contre le FC Barcelone. Alors que Gérone menait 2-1, l’entraîneur espagnol a choisi de faire rentrer Portu et Cristhian Stuani, deux attaquants. Finalement, ce dernier sera passeur décisif puis buteur, assurant la victoire des siens (4-2). Mais au-delà de ses idées et de son courage, la principale force de Michel est sans doute sa capacité à tirer le maximum de son groupe.
« Nous sommes prêts à nous battre pour le haut du classement »
Michel, après la victoire des siens face au Barça
Un effectif hétéroclite, mais un collectif bien huilé
Même si Gérone est aujourd’hui installé en tête du championnat (avec le même nombre de points que le Real, leader), son effectif est, sur le papier, loin d’être le meilleur de Liga. D’autant plus que les Catalans ont dû composer avec les départs de plusieurs joueurs importants l’été dernier. D’abord, celui du défenseur Santiago Bueno, titularisé à 34 reprises l’année dernière et qui s’est envolé vers Wolverhampton. Celui d’Oriol Romeu aussi, qui est venu gonfler les rangs du FC Barcelone après une année pleine sous Michel. Enfin, il a fallu gérer le départ de « Taty » Castellanos, l’attaquant uruguayen prêté la saison dernière par le New York City FC (autre membre du City Group) et qui s’était révélé avec Gérone, inscrivant notamment un quadruplé contre le Real Madrid que le stade Montivili n’est pas prêt d’oublier.
Pour compenser ces pertes, le board catalan a dû s’employer sur le marché des transferts. Pour cela, les dirigeants ont recruté deux joueurs d’expérience : le gardien Paulo Gazzaniga (déjà prêté à Gérone l’an dernier) et l’international néerlandais Daley Blind, laissé libre par le Bayern Munich. Ces deux arrivées épousent la politique sportive du club mise en place depuis la remontée : recruter malin, à bas prix, pour dénicher les bons coups.
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Et depuis deux saisons, force est de constater que les bons coups s’enchaînent : l’arrivée de l’ailier ukrainien Viktor Tsygankov en provenance du Dynamo Kiev pour cinq petits millions d’euros ; celle de Miguel Gutierrez, jeune arrière gauche bourré de talent mais bloqué par son faible temps de jeu au Real Madrid ; ou encore l’achat cet été pour moins de 10 millions d’euros d’Artem Dovbyk, déjà auteur de huit buts en Liga cette saison.
Puis lorsque les dirigeants arrivent à court d’idées, le City Group est là pour y remédier. Le Girona FC a ainsi pu compter sur l’arrivée de Yangel Herrera, venu directement de Manchester City et rapidement installé comme taulier du milieu de terrain catalan. Ils ont également pu apprécier l’arrivée de Savio, jeune pépite brésilienne achetée l’année dernière par Troyes (autre membre du City Group) et généreusement prêtée à Gérone par l’ESTAC cet été.
Malgré tous ces mouvements, les Blanquivermells ont construit un collectif solide, capable de renverser les matchs comme lors de la réception de Valence (victoire 2-1 grâce à deux buts dans les dix dernières minutes). Assez solide pour réaliser un exploit historique ?
Le « Leicester espagnol »
Car oui, n’ayons pas peur des mots, l’exploit serait historique. Cela fait 20 ans que l’un des membres du trio « Barça – Atlético – Real » n’a pas remporté la Liga. La dernière fois, c’était le Valence de Rafael Benitez, en 2004. La Ligue Europa s’appelait la Coupe UEFA. À cette époque, le petit Savio venait de naître à Belo Horizonte. Une éternité donc, qui situe l’ampleur de la tâche du Girona FC.
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« C’est une grande équipe. Gérone n’est plus une surprise et je pense qu’ils sont un prétendant au titre »
Xavi, après la défaite du Barça face à Gérone (2-4)
Mais alors, pourquoi y croire ? Parce que la concurrence est en difficulté. Champion en titre, le FC Barcelone connaît une première partie de saison en dents de scie, avec de nombreux nuls décevants face à Majorque, Grenade ou au Rayo Vallecano. D’autant que le Barça peine à retrouver les hommes qui ont fait son succès en 2022-2023 : Pedri revient tout juste de blessure, tandis que Gavi a vu sa saison prendre fin prématurément contre la Géorgie. Quant à Robert Lewandowski, pichichi du dernier exercice, il peine à retrouver son efficacité légendaire.
Du côté de Madrid, le Real semble être le principal danger pour Gérone aujourd’hui. Les Merengues, qui ont récupéré le fauteuil de leader à la 18e journée, sont surtout les seuls à avoir battu les Catalans cette saison. Cependant, c’est l’infirmerie qui inquiète le plus les Madrilènes. Depuis le début de saison, le Real subit une vague de blessures inédite, qui prive Carlo Ancelotti d’une partie de son groupe. Le Real a ainsi perdu son gardien Thibaut Courtois en début de saison, et sa nouvelle future star annoncée, le turc Arda Güler, n’a toujours pas démarré sa saison. À cela s’ajoutent les petites blessures récurrentes de Tchouaméni, Vinicius, Camavinga, Ferland Mendy ou Éder Militao. Une liste d’absents de plus en plus longue à chaque match du Real, qui pourrait devenir un lourd handicap sur la durée.
Enfin, l’Atlético de Madrid est lui aussi placé dans la course au titre, même s’il accuse déjà un petit écart avec Gérone. L’Atlético reste un sérieux prétendant, même si l’équipe de Diego Simeone est étonnamment moins solide défensivement cette saison. Les coéquipiers d’Antoine Griezmann ont également déçu dans le choc annoncé face au Barça début décembre (défaite 1-0), et seront très attendus ce mercredi, jour de leur déplacement au Montivili.
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Alors, au sein de cette Liga 2023-2024 très ouverte, les fans de foot et de belles histoires sont de plus en plus tentés par cette idée : « Et pourquoi pas Gérone ? ». Au fond, le Girona FC pourrait bien devenir le « Leicester espagnol » et défier tous les pronostics. Cette comparaison n’est pas si anodine dans la mesure où le Leicester de 2016 s’est lui aussi construit sur des bons coups, en allant chercher N’golo Kanté à Caen, Riyad Mahrez au Havre ou encore Demarai Gray à Birmingham. Leicester qui, d’ailleurs, était revenu dans l’élite la saison qui a précédé son titre, tout comme le Girona FC. De là à y voir un signe pour les supporters Blanquivermells, il n’y a qu’un pas…
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