Le graal du football

Manchester City et le Real Madrid ont bataillé au terme d’un match ahurissant. Le genre de rencontre qui rappelle à tous les amoureux du ballon rond la raison de leur amour pour ce sport. Il faudra maintenant attendre une semaine pour connaître la suite des péripéties, déjà entré dans les annales de la Ligue des Champions. 

Entame de rencontre céleste 

Par où commencer ? L’ordre chronologique voudrait qu’on évoque en premier plan le coup de bluff de Pep Guardiola envers les médias, faisant croire que John Stones ne participerait pas à la séance d’entraînement d’avant-match, et donc à la rencontre. Mais cela parait tellement lointain et quelconque après une telle soirée. Ce sont deux heures d’anthologie qui ont été offertes par deux des plus grands clubs européens. D’un côté le nouveau géant économique, de l’autre le géant historique, celui qui ne lâche jamais rien. 
Après avoir sorti le Paris Saint-Germain et Chelsea à bout de souffle et à deux doigts de la rupture, les Madrilènes sont parvenus, une nouvelle fois, à soulever un mur dantesque dressé plus tôt que prévu devant eux. Mais lorsque Karim Benzema enfile sa tunique qui lui est la plus chère à ses yeux depuis 2009 – année de son arrivée au Real Madrid -, son équipe semble irrésistible et capable de tout. La preuve une nouvelle fois. 

Hier soir, les talents sur la pelouse étaient indénombrables. En fait, ils étaient vingt-cinq. Vingt-deux joueurs, deux entraîneurs et un arbitre à la hauteur des événements. Après seulement 90 secondes de jeu, Riyad Mahrez était le premier à s’illustrer d’un centre millimétré pour Kevin De Bruyne, à la conclusion (2e). Un début de match venu bouleverser toutes les analyses qui pouvaient être faites, tant il était imprévisible. Et pourtant, comme à son habitude, le Real Madrid n’a posé qu’un genou à terre malgré le break réalisé par Gabriel Jesus (11e). Une capacité qu’aucun autre club n’est en mesure d’avoir. Le Real va mal, et alors ? C’est le Real Madrid, “ il faut les tuer ! ” a-t-on entendu à plusieurs reprises hier soir.
Allez dire ça à Mahrez ou encore Phil Foden, tous deux à un fil d’anéantir chacun des espoirs restants dans la tête des Madrilènes. De quoi rendre Guardiola fou de rage. 

L’ADN, on l’a ou on l’a pas

La force des grands, elle est là ! Être capable de sortir la tête de l’eau à ce moment-ci, très peu de joueurs en sont capables. Karim Benzema, à lui tout seul, a fait surgir la menace sur les buts d’Ederson, peu rassurant hier soir. À l’image de sa saison, l’ancien lyonnais se multiplie sur le terrain. À la récupération du ballon, puis dans la continuité, à la finition d’un centre de Ferland Mendy, il a incarné l’opportunisme constant des Madrilènes depuis le début de la campagne européenne. 
Quand on est le club si récent de Manchester City, à la recherche d’un premier sacré européen depuis plus de 10 ans, l’ADN des grands matchs ne s’invente pas. Et même avec des joueurs d’expérience comme Fernandinho – entré à la place de Stones -, la tâche s’annonce d’emblée complexe. C’est pourtant le Brésilien, placé donc arrière droit, qui servait délicieusement Foden pour le but du 3-1 (53e). Seulement, l’expérience n’est qu’une partie du footballeur ; le talent en est une autre. Et Vinícius Júnior l’a compris à merveille. Il est parvenu à déposer le milieu brésilien, quelques minutes après l’engouement provoqué par le troisième but citizen, d’une feinte sublime avant de profiter de la passivité défensive d’ Aymeric Laporte, fautif de le laisser avancer à son gré.
C’est ainsi que Manchester City a incarné sa fébrilité défensive malgré le retour en charnière centrale de Rubén Dias, le portugais. Trop passifs et parfois insensés dans leurs relances, les joueurs de Guardiola ont représenté les fondements d’un match si ouvert, contrairement à leur habitude ; celle de fermer le jeu par une possession de balle grotesque. 

Proche de la perfection

Mais ces joueurs étaient inarrêtables. À 3-2, les deux équipes auraient pu songer à fermer les espaces. Rien de cela n’est arrivé. La preuve quelques minutes plus tard, lorsque Toni Kroos se laissait prendre dans la feinte d’Alexander Zinchenko. La faute était claire et nette. Pourtant, István Kovacs, l’arbitre centrale de la rencontre, a laissé l’avantage. Ce dernier profitant à Bernardo Silva, l’homme du match, choix largement discutable, qui profitait à son tour de l’arrêt de tous les acteurs et surtout de la défense madrilène pour inscrire un nouveau break en faveur de Manchester City. Il ne fallait pas en donner plus au portugais pour abattre Thibaut Courtois d’une frappe logée en pleine lucarne (74e).
Et les SkyBlues auraient pu repartir de l’Etihad Stadium, survolté comme jamais, avec une qualification quasiment acquise si Mahrez avait conclu son numéro de soliste (76e). Hélas pour les Citizens, la malchance tomba sur la main d’Aymeric Laporte, dans la surface de réparation. Benzema est alors venu inscrire son second but de la soirée d’une panenka réalisée à la perfection et avec un sang froid déconcertant (82e). 
Lorsque l’on y réfléchit de plus près, seulement la moitié est jouée, mais il est inconcevable d’en attendre plus des 22 acteurs tant la performance a survolé l’inimaginable. Même si deux perfectionnistes tels que Pep Guardiola et Carlo Ancelotti auront forcément des multitudes de points à revoir avec les leurs, notamment défensivement, alors que les présences de Walker et Casemiro lors du match retour pourraient changer bien des choses dans la physionomie du match. Nombreux sont ceux qui fantasment déjà à l’idée d’être devant leur écran mercredi prochain. 

Nathan Bigué

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