Maxence Fortier : « Le temps d’un match, on se croyait professionnels »

Après des passages dans les centres de formation de Lorient ou encore de l’Olympique Lyonnais, Maxence Fortier évolue actuellement au Chambéry Savoie Football (National 3). L’attaquant de 23 ans revient sur l’épopée de son équipe en Coupe de France, éliminée en 16es de finale par l’Olympique Lyonnais. Entretien.

Plus jeune, l’ailier a eu la chance d’évoluer à Évian Thonon-Gaillard, Lorient et Lyon – Photo : Mathilde Landot
Quel a été votre parcours dans le monde du football ?

J’ai commencé à Evian Thonon-Gaillard. Jusqu’en 2014, j’étais à Croix de Savoie où je me suis arrêté en U14. Après, j’ai signé en centre de formation à l’Olympique Lyonnais, où je suis resté trois ans. Ensuite, je n’ai pas été conservé par Lyon et je suis retourné à Annecy en U17 National. J’ai fait une année et j’ai signé à Lorient. Là-bas, j’ai fait une année de centre de formation et après j’ai rejoint la réserve. Par contre, je n’ai pas signé en professionnel à Lorient, donc je suis rentré chez moi à Chambéry. Cela fait quatre ans que j’y suis.

Comment avez-vous vécu votre passage à Lorient ?

Je me suis amélioré sur beaucoup de points. Notamment techniquement, où j’ai beaucoup progressé. Mais aussi tactiquement parce que l’on faisait beaucoup d’analyses vidéo. On était entraîné par Régis Le Bris (aujourd’hui entraîneur de l’équipe première). Et c’était vraiment beaucoup axé sur la vidéo et sur le tactique. C’est une autre vision du football. Même mentalement, ce passage m’a beaucoup apporté.

Vous avez des regrets aujourd’hui ?

Oui et non. Forcément, j’ai des regrets de ne pas être passé en professionnel. D’autant plus que j’étais dans une forme de décontraction, car j’avais signé mon contrat de stagiaire professionnel. Pendant deux ans, j’étais plutôt tranquille. J’aurais dû tout donner dès la première année, mais je me suis un petit peu reposé sur mes lauriers.

« À Lyon, c’est chacun pour sa peau. On est des potes en dehors du terrain, mais sportivement, c’est la guerre. »

Quelles différences avez-vous remarqué entre les différents centres de formations où vous êtes passé?

Il y déjà de grandes différences sur l’aspect humain. À Lyon, c’était une bonne expérience, mais j’étais jeune et mon arrivée a été compliquée. C’est vraiment une mentalité de gagnant. En tout cas, c’est chacun pour sa peau. On est des potes en dehors du terrain, mais sportivement, c’est la guerre. Alors qu’à Lorient, c’est tout de suite plus familial, tout le monde s’entend bien. Il s’agit de la principale différence entre les deux centres.

Cette saison, avec Chambéry,  vous avez atteint les 16es de finale de la Coupe de France. C’était comment ?

C’était top de jouer dans un grand stade, même si cela nous a peut-être défavorisé. En fait, le temps d’un match, on se croyait professionnels. On a perdu et ça fait quand même mal, je pense qu’on aurait pu accrocher quelque chose.

Avant ce match, comment avez-vous vécu votre évolution dans la compétition ?

On a commencé avec des tours un petit peu compliqués, avec des terrains compliqués, où l’on a pris de l’expérience pour aller jusqu’en 16es de finale. On affronté des équipes de National 2, sans vraiment s’en rendre compte, et ça passait. La cohésion de l’équipe nous a beaucoup aidé. Aller aussi loin dans la compétition, c’était prévu. Notre objectif était de battre un club professionnel. On n’a pas réussi, mais on a fait une grosse affiche et c’était quand même le but.

« Globalement, nous n’avons pas de regret. Nous avons joué notre football ! »

Maxence Fortier
Avant de s’incliner face à l’OL, Chambéry avait vaincu Aubagne, Rumilly et Bourgoin en Coupe de France – Photo : Mathilde Landot
Votre réaction au moment du tirage ?

On était très contents, on voulait une grosse équipe pour découvrir ce niveau-là. On avait vraiment hâte de jouer le match quand on a vu que c’était l’Olympique Lyonnais.

À la 23e minute, votre frappe est contrée par un défenseur de l’OL. Que ressentez-vous à ce moment-là ?

Déjà, à ce moment-là, je sens qu’au niveau de l’intensité s’est compliqué. Physiquement, c’est dur. Dans notre plan de jeu, on a voulu les presser, mais on s’est rendu compte que ça allait être très compliqué. Notre plan de jeu était très énergivore. Je sens qu’on a des occasions et qu’il faut pousser. Mais contre des équipes comme celle-ci, c’est forcément très compliqué. Même quand on rentre dans la surface, on est dangereux sans l’être réellement. Par contre quand il y a un tir dans notre surface, c’est but.

Vos équipiers se sont aussi procurés de très belles occasions, notamment à la 35e minute lorsque la frappe de Scarentino est stoppée par Anthony Lopes. Ce genre d’action vous procure des regrets…

Pour le moment, non. On n’a pas forcément de regret, mais on est encore après le match (interview réalisée deux semaines après la rencontre). Quand on regarde les actions, on se dit que si on avait marqué ces occasions là, le match aurait pu changer. Par exemple, moi, à un moment je suis dans la surface vers le point de corner, je reçois le ballon. Je suis seul, mais au lieu de contrôler, je mets une tête directe. Sur ce genre de choses, on se dit qu’on aurait pu être plus chanceux. On n’a pas bloqué le match, on a joué comme en championnat et on a essayé de développer notre jeu. Globalement, nous n’avons pas de regret. Nous avons joué notre football !

Considérez-vous ce parcours comme l’une des belles histoires de votre vie ?

Oui clairement, c’est une belle histoire. Quand j’ai vu ma famille au stade et qu’ils me regardaient avec des yeux d’enfants, j’étais très fier. Et je suis aussi très content pour ma famille. Personnellement, c’est une expérience incroyable de vivre dans ces infrastructures là, avec ce public.

« On savoure et on profite un maximum »

Maxence Fortier
Aujourd’hui, l’équipe de Chambéry est dixième de son groupe en National 3 – Photo : Mathilde Landot
Après le match, qu’est-ce qui domine le plus dans le vestiaire ? La frustration ou la fierté d’être arrivé jusqu’ici ?

C’est un mélange des deux. On est forcément déçu du résultat, mais on est aussi content d’être là. On savoure et on profite un maximum du moment présent.

Sachant que vous n’avez encore que 23 ans, pensez-vous avoir encore la possibilité de devenir professionnel un jour ?

Je pense que j’ai les capacités et que si j’ai été en centre de formation, ce n’est pas pour rien. J’ai quand même des qualités, mais ce n’est pas mon objectif premier. Aujourd’hui, si je deviens pro, c’est bien. Mais si cela ne vient pas, ce n’est pas la fin du monde. Pour le moment, je veux prendre du plaisir et c’est ce que je fais avec Chambéry. Si les opportunités viennent toutes seules, je serai forcément le premier content et je sauterai sur l’occasion.

En dehors du football, que faites-vous ?

J’ai repris mes études, que j’avais arrêtées à Lorient. Aujourd’hui, je suis en troisième année de Master commercial en alternance. C’est sûr que ce n’est pas facile, mais dans l’équipe tout le monde travaille quelque part. Je pense que c’est important, surtout à notre niveau.

Dorian Marchiset

Partagez avec :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *