Montagnes russes : la résurrection d’Aston Villa, un historique du football anglais

Cette saison, le Aston Villa d’Unai Emery a tout pour prétendre à de grandes ambitions, après avoir connu des années douloureuses au second plan du football anglais. Bilan et perspectives, à l’aube des échéances importantes.

Crédit photo : Aston Villa Football Club

« Mon rêve est de gagner un trophée avec Aston Villa ». Les premiers mots lâchés par Unai Emery à son arrivée sur le banc d’Aston Villa, le 1er novembre 2022, pouvaient paraître anodins et insignifiants. En réalité, ça ne l’était pas. Seizièmes à son arrivée, les Villains de Birmingham n’avaient vraiment pas la tête à de telles ambitions puisqu’en plus de traîner au fin fond du classement, ces derniers venaient de prendre une vilaine correction face aux Magpies de Newcastle (4-0). Pourtant, l’ancien entraîneur du Paris Saint-Germain et d’Arsenal décidait de s’engager dans ce pari fou, certainement motivé par un contrat juteux, qui, d’après les indiscrétions du Daily Telegraph, avoisinait les 30 millions d’euros pour l’intégralité du contrat de quatre saisons et demi.
Évidemment, c’est une arrivée qui pose, à l’instant T, question. Après avoir atteint les demi-finales de Ligue des Champions avec Villarreal, qu’a-t-il pris à Unai Emery de s’engager avec le 16e de Premier League. Et ce n’est pas faute d’offres. Quelques mois plus tôt, les investisseurs saoudiens de Newcastle United en faisaient leur priorité. Eux aussi. Si l’argent n’a peut-être pas été la motivation première du tacticien espagnol, il se pourrait bien que l’histoire de ce club d’Aston Villa ait pesé dans la balance. 

Un palmarès bien garni

Grand artisan de la fondation du championnat anglais, en 1992, Aston Villa fait partie des 22 clubs participants pour la première fois à ce qui deviendra le championnat européen le plus côté : la Premier League. Bien avant cela, Birmingham devient l’une des villes sacrées du football britannique. Un des clubs brummies, Aston Villa justement, remporte six championnats et six coupes d’Angleterre, sous les ordres du célèbre écossais George Ramsay (1884-1926). Plus tard, en 1982, les Vilains se hissent dans le gratin du football mondial en remportant la Coupe des clubs champions européens, ancêtre de la Ligue des Champions, ce qui les placent aux côtés de Manchester United, Nottingham Forest, Liverpool, Chelsea et désormais Manchester City.

Crédit photo : Aston Villa Football Club

De son passé si glorieux jusqu’à aujourd’hui, Aston Villa a étincelé, tangué, puis espéré. C’est à ce dernier statut que l’on peut s’arrêter actuellement. Mais Aston Villa a bien connu les deux précédents. En effet, en juin 2016, l’homme d’affaires chinois Tony Xia rachète le club, et à son arrivée à la tête du club brummies, l’investisseur chinois place la barre très haute : « J’espère que dans cinq ans, les gens parleront de ce club comme d’un top, comme le Real Madrid ou Barcelone ». Des paroles abusives ? Sans l’ombre d’un doute. 

Aussi vite arrivé, aussi vite reparti… 

D’autant plus qu’à l’issue de la saison 2015-2016, le club termine lanterne rouge de Premier League et se voit relégué en Championship, une première depuis 1998. Évitée de peu quelques saisons auparavant, la descente aux enfers est cette fois-ci bien réelle pour les Vilains et confirme encore un peu plus l’ébranlement de l’institution « Villa ».
Mais l’arrivée de cet investisseur, pour un rachat évalué à 76 millions d’euros, redonne une source d’espoirs aux plus fidèles des supporters, alors que le club était en vente depuis 2014. Pourtant, après deux saisons en Championship, dont une première loupée et une seconde frustrante (échec en finale des play-offs), stupeur au Villa Park : Tony Xia décide de mettre le club en vente. En fait, cette décision fait suite à de graves problèmes financiers. En plus d’un paiement non honoré à hauteur de 5 millions d’euros, Aston Villa affiche des problèmes de trésorerie atteignant plus de 45 millions d’euros !

Crédit Photo : Aston Villa Football Club

Dans la foulée, Tony Xia annonce l’arrivée de deux nouveaux actionnaires appartement à la société NSWE. « Derrière cet acronyme se cache deux milliardaires aux profils différents. Nassef Sawiris – considéré comme l’homme le plus riche d’Egypte – est l’un d’entre eux. Homme d’affaires à la tête d’OCI – un des plus gros producteurs d’engrais azotés au monde – Nassef Sawiris possède également à travers sa holding des participations dans Lafarge Holcim et Adidas », détaille la plateforme Ecofoot en 2018. Ce nouvel actionnaire majoritaire du club insuffle alors un nouvel élan sur la « city » de Birmingham. Et pour leur première saison à la tête du club, les deux milliardaires s’offrent le luxe de remonter en Premier League. Un exploit qui vient récompenser le coup de bluff tenté par NSWE en désignant Dean Smith et John Terry à la tête de l’équipe première. Un pari réussi.

Un retour au premier plan, avec des moyens colossaux 

Enclin à conserver ses meilleurs éléments, dont son attaquant fétiche, un fameux Jack Grealish, Aston Villa (re)débarque en première division avec de très belles armes sous le coude. À cela, s’ajoutera un mercato estival complètement fou et inédit pour un promu. Avant même la fermeture de la période des transferts, le club a d’ores et déjà enregistré dix venus, pour un moment total supérieur à 100 millions d’euros (144,5 millions). Parmi ces recrues, le club enregistre notamment les venues de Douglas Luis (Manchester City) et Anwar El Ghazi (LOSC). Malgré ce recrutement, Aston Villa flirte avec la zone de relégation durant l’intégralité de la saison et finalement, se sauve lors de l’ultime journée en décrochant le point du match nul contre West Ham (1-1). Des résultats en demi-teinte compensés, en partie, par l’accession en finale de Coupe de la Ligue anglaise, perdue contre Manchester City (2-1).
La saison suivante (2020-2021), la politique des Vilains ne change pas et un mercato ambitieux est à nouveau réalisé. Matty Cash, Ollie Watkins, Lamare Bogarde, Emiliano Martínez et Bertrand Traoré) débarquent à Birmingham et portent l’équipe jusqu’à une onzième place encourageante et méritée. Si Villa se hisse désormais à ce niveau, il faut noter que Jack Grealish n’y est pas pour rien (26 matchs de PL, 6 buts, 12 passes décisives). L’enfant du club réussit sa meilleure saison depuis ses débuts, à l’image de son club, ce qui poussera Manchester City a déboursé 100 millions de livres sterling pour s’attacher ses services, à l’aube de la saison 2021-2022. Grâce à ce transfert – le plus cher de l’histoire britannique, avant Declan Rice cet été – Aston Villa réinvesti sur des joueurs à fort potentiel, mais dont l’adaptation prendra du temps (Emiliano Buendía, Leon Bailey, Danny Ings).

Un « tournant » de l’histoire

Unai Emery avec les supporters d'Aston Villa
Crédit photo : Aston Villa Football Club

Le début de saison loupé pousse alors Dean Smith vers la sortie et son remplaçant se nommera Steven Gerrard, en provenance des Rangers. « Très amical, il (Smith) a clairement su gagner le cœur des supporters. Il a aussi fait venir un tas de joueurs qui sont essentiels aujourd’hui (…) La suite en “PL” était moins facile, mais rien que pour cette remontée, il restera dans les mémoires », précise l’administrateur du compte X « Aston Villa FR » (@astonvillafr). Par la suite, Steven Gerrard mène les Vilains à une 14e place de Premier League, avant d’être licencié la saison suivante, en octobre, alors que le club ne compte que neuf petits points. Son successeur, Unai Emery, qui lâche subitement le sous-marin jaune de Villarreal, provoque un rebond inattendu. 
Fort de son expérience européenne, mais surtout anglaise avec Arsenal, Unai Emery rend cette équipe bien plus tranchante qu’elle ne l’était. Et si l’objectif initial est le maintien du club en Premier League, l’entraîneur espagnol voit bien plus loin. Par le biais de succès contre Manchester United (3-1, son premier match sur le banc des Villains), Chelsea (0-2) ou encore Tottenham (2-1), Aston Villa se mêle à la course à l’Europe et décroche finalement une 7e place inespérée, synonyme de qualification pour les barrages de Ligue Europe Conference (victoire contre Hibernian ; 8-0 au cumul.).
En amenant sa patte bien spéciale, Unai Emery a finalement créé une équipe plus que soudée et capable de se confronter aux meilleurs effectifs de « PL ». Basé sur un style de jeu très tactique et offensif, comme en témoigne le début de saison, cette équipe d’Aston Villa est à un « tournant » d’après Aston Villa FR

Unai Emery et Moussa Diaby, Aston Villa
Crédit Photo : Aston Villa Football Club

Et ce n’est pas le mercato qui viendra le contredire…

En effet, puisque Youri Tielemans, Moussa Diaby, Pau Torres, Nicolò Zaniolo et plus récemment Clément Lenglet ont rejoint les rangs des Villains. Grâce à ses recrues ambitieuses, à l’expérience de son coach espagnol et à la Coupe d’Europe, Aston Villa pourrait-il faire son retour aux devants de la scène anglaise et européenne dès cette saison ? Réponse attendue.

Nathan Bigué

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