En pleine reconstruction, la Squadra Azzurra est-elle (enfin) de retour au sommet ?

Violemment secouée par un Euro 2024 complètement raté, dont elle était pourtant la tenante du titre, la Squadra Azzurra a rassuré lors de cette phase de groupe de Ligue des Nations en proposant un jeu adéquat avec son statut et celui de son coach Luciano Spalletti. Sa patte sur cette sélection italienne commence d’ailleurs à se faire ressentir.

Squadra Azzurra 2024 Ligue des Nations
Malgré son titre à l’Euro 2020, la Squadra Azzurra reste sur deux absences en Coupe du monde. Photo : Nazionale Italiana

Le 13 août 2023, après cinq ans et demi passés sous les rênes de Roberto Mancini, avec qui elle a notamment remporté l’Euro 2020, la Squadra Azzura tourne une page de son histoire. Le technicien italien cède aux alarmes de l’Arabie saoudite et quitte son poste de sélectionneur italien pour s’installer sur le banc saoudien, quittant donc ses fonctions en plein cœur des qualifications pour l’Euro 2024. Fragilisée par la non-qualification à la Coupe du Monde 2022, l’équipe d’Italie voit un coach au tempérament bien trempé s’installer sur son banc quelques semaines plus tard : Luciano Spalletti, champion d’Italie en titre avec le SSC Napoli. Mentalement friable et défensivement en difficulté, cette équipe italienne n’est pas au mieux, et ça, Luciano Spalletti le sait. Une montagne de travail l’attend avant de pouvoir s’envoler sereinement en Allemagne à l’été 2024 pour tenter de défendre la couronne européenne italienne.

Un Euro 2024 raté

Huit matchs : quatre victoires, deux matchs nuls et deux défaites. Voici le bilan de la Squadra Azzurra lors des qualifications à l’Euro 2024 dans un groupe C composé de l’Angleterre, de l’Ukraine, de Malte et de la Macédoine du Nord. Un bilan mitigé, qui ne rassure pas sur la santé de l’équipe italienne, dominée par les Three Lions lors des deux confrontations (1-2, 3-1) et mise en difficulté par une modeste formation ukrainienne, qui terminera cette phase de qualification avec le même nombre de points que l’Italie (le succès italien 2-1 en Italie leur permettra de terminer 2e du groupe et d’éviter les play-offs). La dynamique ne prend pas malgré l’arrivée de Spalletti et la Squadra Azzurra s’envole donc en Allemagne au forceps pour défendre son titre.

Luciano Spalletti, sélectionneur Squadra Azzurra
À la surprise générale, Luciano Spalletti avait quitté le Napoli après une saison hsitorique. Photo : Nazionale Italiana

Outre-Rhin, l’Italie va décevoir. Placée dans le groupe B avec l’Espagne, la Croatie et l’Albanie, la sélection italienne réussit son entrée en matière face à l’Albanie (2-1). Avant de couler face à une séduisante équipe espagnole (1-0), bien que le score aurait pu être plus lourd sans un grand Gianluigi Donnarumma. Pour espérer entrevoir les 8e de finale, les joueurs de Luciano Spalletti doivent donc impérativement décrocher a minima le match nul face à la Croatie. Ce qu’ils parviendront à faire grâce à un but de Mattia Zaccagni au bout du suspens (90+8’). Un point salvateur qui ne fera que retarder l’élimination italienne, puisque la Squadra Azzurra chute dès le tour suivant face à de vaillants Suisses (2-0), nettement supérieurs. L’été allemand se termine donc très rapidement pour les Italiens, qui n’auront fait qu’acte de présence sans jamais être en mesure de défendre leur titre.

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Une phase de groupe de Ligue des Nations réjouissante

Après un été catastrophique, l’Italie se devait donc de réagir. La Ligue des Nations semblait être un bon moyen de remonter la pente, avec notamment des « gros » adversaires comme la France et la Belgique à affronter. Dès la première journée, l’Italie surprend tout le monde et signe un brillant succès sur la pelouse du Parc des Princes (1-3). Face à des Bleus muets, la Squadra Azzurra semble avoir retrouvé sa solidité défensive et sa lucidité offensive. Et confirme face à Israël (1-2), avant de lutter pour le nul contre la Belgique à 10 contre 11, en dépit d’une rencontre totalement dominée à armes égales (2-2).

En l’espace de trois mois, l’Italie semble s’être métamorphosée, avec (enfin) de la solidité au milieu de terrain et en défense, et un front offensif qui répond enfin aux attentes. Derrière cette transformation fulgurante, se cache évidemment Luciano Spalletti, qui a appris de ses erreurs en Allemagne en positionnant ses joueurs dans leur rôle de prédilection. Cela aboutit à un système de jeu atypique, le 3-5-1-1. Le repositionnement de Sandro Tonali dans un entrejeu en déficit de courses, le rendement d’Andrea Cambiaso sur le côté droit – où Giovanni Di Lorenzo, repositionné en défense centrale, ne faisait plus l’unanimité -, l’explosion de deux centraux, Alessandro Buongiorno et Riccardo Calafiori, et l’essor de Mateo Retegui, aligné à la pointe de l’attaque, ont permis à l’Italie de retrouver une base solide sur laquelle construire.

Un dernier match raté contre la France

Contre l’Italie, Manu Koné a réalisé une énorme prestation avec les Bleus. Photo : Nazionale Italiana

Malheureusement pour eux, cette phase de groupe de Ligue des Nations ne s’est pas bouclée de la meilleure des manières possibles. Première de son groupe avant la réception de l’équipe de France à San Siro, le 17 novembre dernier, l’Italie devait, dans le pire des cas, éviter de perdre par deux buts d’écart face aux Bleus, sous peine d’hériter de la deuxième place du groupe. Surprise d’entrée de jeu par Adrien Rabiot sur corner (2’), avant d’encaisser un second but suite à un corner magnifiquement tiré par Lucas Digne (33’), l’Italie semblait être étonnement friable défensivement, comme rattrapée par ses anciennes lacunes.

La réduction de l’écart d’Andrea Cambiaso (35′) n’empêchera pas la France de s’imposer par deux buts d’écart grâce à un doublé d’Adrien Rabiot – il inscrit son deuxième but à la 65’ – et de s’emparer de la première place du classement. L’Italie peut alors s’en vouloir, elle qui n’a pas su répondre présente dans un match crucial face à des Bleus qui étaient pourtant loin d’être invincibles.

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Que vaut réellement cette Squadra Azzurra ?

Bien malin celui qui peut s’avancer sur cette question avec certitude. Plus solide derrière et au milieu de terrain, plus tranchante devant, l’Italie a incontestablement élevé son niveau de jeu ces derniers mois, avec l’envie d’oublier et de faire oublier son Euro complètement manqué. Mais il est encore trop tôt pour déclarer cette Squadra Azzurra guérie. Luciano Spalletti a encore beaucoup de travail à accomplir pour emmener cette équipe aux sommets, notamment d’un point de vue psychologique. Alors que ce groupe italien reste très jeune, beaucoup de joueurs doivent encore maturer pour atteindre leur plein potentiel (Andrea Cambiaso, Samuele Ricci, Riccardo Calafiori, Alessandro Buongiorno).

Les schémas de jeu de Luciano Spalletti doivent encore être retravaillés à l’entraînement, et la cohésion du groupe ne peut que prendre une pente plus ascendante, alors que de nouveaux profils font régulièrement leur première apparition avec le maillot italien lors des derniers rassemblements, à l’image de Nicolo Rovella, en novembre. En attendant, l’Italie donne l’impression d’avoir pris le bon chemin : celui de la patience. Et son avenir semble radieux.

Hugo Cammilleri

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