Immense espoir depuis sa révélation à Mayence, l’international camerounais Eric Maxim Choupo-Moting a beaucoup bourlingué dans le monde du football sans jamais trouver son chemin. Jusqu’à l’été 2020 et son arrivée en Bavière, où deux saisons plus tard, il semble (enfin) être devenu le joueur que l’on attend depuis ses premiers pas.
Hambourg, Cologne, Schalke : les montagnes russes
En grande difficulté à ses débuts professionnels avec son club formateur, Hambourg, Choupo-Moting se montre pour la première fois lors de son prêt à Nuremberg où il inscrit six buts en 27 matchs. À son retour en 2010, il peine de nouveau à s’imposer chez Der Dino. Voulant se relancer avec un nouveau prêt du côté de Cologne, c’est finalement un incident administratif qui va l’en empêcher, du fait d’un fax envoyé trop tard. Après ce transfert raté, le jeune attaquant passe le reste de la saison avec la réserve du club. Pour oublier cette aventure tumultueuse et remettre sa carrière sur de bons rails, il signe un contrat de trois ans avec Mayence en 2011, après que Thomas Tuchel (en poste à l’époque) ait insisté pour l’avoir.
Mais là encore, les événements malheureux n’épargnent pas le jeune prodige. Il démarre en inscrivant dix buts lors de la première saison. Alors que le génie semble enfin lancé, la saison suivante s’avère quasi-blanche pour lui. En effet, il est éloigné des terrains toute une partie de la saison pour une blessure au genou. Néanmoins, il ne lâche rien et revient lors de la troisième saison avec dix buts inscrits et une place en Ligue Europa pour le club. Arrivé en fin de contrat, il n’y a pas eu de prolongation entre les deux parties. Choupo Moting est alors parti libre : direction Schalke 04.
Arrivé chez les Bleus Royaux, le camerounais prend quelques matchs pour s’adapter, mais ensuite, prend les rênes de l’attaque. Son duo avec Klaas-Jan Huntelaar mène d’ailleurs l’équipe à de bons résultats pour la première partie de saison. Il conclut son passage dans la Ruhr avec 22 buts et 17 passes décisives en 111 matchs. Il y laisse une belle impression, mais une fois de plus, ne verra pas son contrat renouvelé. Alors que tout le monde s’attend à un transfert dans un club de meilleur standing pour le Germano-camerounais, ce dernier décide de se lancer dans une nouvelle aventure du côté de l’Angleterre.
Stoke City : échec et mat
Sur un plateau dans sa carrière en Allemagne, où il a peiné à passer un cap, il décide de se relancer et s’envole pour la Premier League et Stoke City. Sa signature, le 7 août 2017, représente une lueur d’espoir pour le club du Staffordshire. L’attaquant vient pour remplacer le tant aimé Marko Arnautović, parti du côté de West Ham, et se montre plutôt ambitieux : « Je vais bien, je me sens bien. C’est un grand championnat, une belle compétition, mais une ligue difficile, chaque match est difficile », déclarait-il à BBC Sport. L’attaquant de 28 ans, auréolé du symbolique dossard n°10, démarre bien son aventure avec les Potters. Il inscrit notamment un doublé lors de son deuxième match, face à Manchester United (2-2).
Mais par la suite, tout se complique. Le secteur offensif peine à trouver les clés pour lancer une série et son association avec Xherdan Shaqiri déçoit. Le club se retrouve dans le bas de tableau en Premier League et se bat contre une relégation. Choupo Moting n’inscrira que cinq buts lors de l’exercice. Les Rouge et Blanc seront relégués en Championship, après 10 ans dans l’élite du football anglais. Une première expérience à l’étranger totalement ratée, avec des statistiques faméliques et une mauvaise image laissée au sein de la communauté du club qui, de concert avec la presse, le qualifient de véritable « flop ». Choupo-Moting refuse de jouer en deuxième division et résilie son contrat avec le club. Ce qui irrite les fans de Stoke, qui estiment n’avoir rien eu de lui durant son passage.
Paris, c’est (pas si) magique
À 31 ans et sans avoir confirmé les attentes placées en lui, Choupo-Moting se voit offrir la chance d’une vie. En effet, Thomas Tuchel, sous les ordres de qui il avait évolué à Mayence entre 2011 et 2014, décide, à la surprise générale, de le faire venir au Paris Saint-Germain. L’occasion de redonner un coup de jus à sa carrière. Et de prendre la dimension qu’on lui prédisait lors de ses jeunes années. Il y retrouve d’ailleurs quelques connaissances en dehors de Tuchel : Thilo Kehrer, ex-coéquipier à Schalke, ou encore Julian Draxler avec qui il partage le même agent.
Choupo arrive dans un vestiaire composé de stars, Kylian Mbappé, Neymar Jr, Edinson Cavani, Marco Verratti, Marquinhos, entre autres. Difficile de se faire une place ou de réclamer quoi que ce soit. Les superstars attirent toute l’attention, conditionnent le jeu et les choix, monopolisent le temps de jeu. Dans ce contexte, Choupo Moting passe facilement dans l’anonymat. Personne ne lui porte d’intérêt, ayant la crème de la crème dans l’effectif. Il n’engrange qu’un temps de jeu infime, soit 21 titularisations en deux ans. Les statistiques ne sont pas plus flatteuses, neuf buts et trois passes décisives sur la période.
Étouffé par la toute puissance sportive et le « Bling Bling » des superstars du club, le trentenaire essuie les critiques de la part du public parisien et même des observateurs du club, qui pensent qu’il n’y a pas sa place. Taxé de joueur de seconde zone, voire pire, pas assez « bankable » pour le club de la capitale, il est moqué pour chaque faux pas, pour chaque occasion manquée ou contrôle raté. Il est littéralement la risée du microcosme parisien. À l’été 2020, son contrat expire et l’attaquant est désormais libre. Le moins que l’on puisse dire, c’est que jusqu’ici, la carrière du Camerounais n’aura jamais décollé.
Bavière, terre promise
Comme dit le dicton, « Tout vient à point à qui sait attendre ». Choupo-Moting en est le parfait exemple. Cette aptitude à refaire surface, échec après échec, fait de lui un maître dans l’art du rebond. En effet, le 05 octobre 2020, le Bayern Munich annonce l’arrivée de l’international camerounais. Sans aucun doute, la meilleure opportunité de sa carrière.
Il n’hésite d’ailleurs pas à montrer son enthousiasme : « C’est une sensation agréable de revenir en Bundesliga et de jouer prochainement avec le plus grand club d’Allemagne, déclarait l’ex-Parisien sur le site officiel du Bayern Munich. Qui ne voudrait pas jouer pour le FC Bayern ? C’est un honneur de jouer pour ce club. » Plus important encore, le club semble compter sur lui : « Je suis heureux que nous ayons pu recruter Eric. Il offre une nouvelle solution offensive à notre équipe. Il a acquis une expérience internationale au PSG, il connaît la Bundesliga et arrive libre », se félicitait Hasan Salihamidzic, le directeur sportif du club bavarois.
Arrivé en tant que doublure de Robert Lewandowski dans un Bayern récemment vainqueur d’un quadruplé historique (Coupe, Championnat, Ligue des Champions, Supercoupe d’Europe) n’est pas aisé. Le numéro neuf camerounais n’inscrira que neuf buts sur chacune de ses deux premières saisons avec les Bavarois. Lors du mercato estival 2022, qui voit Lewandowski déménager du côté du FC Barcelone, Sadio Mané arrive et s’empare du poste de numéro neuf. Choupo-Moting continue ainsi de jouer les seconds rôles.
Jusqu’au 16 octobre dernier et ce déplacement sur la pelouse de Fribourg. L’attaquant est alors titularisé à la pointe de l’attaque où il est auteur d’un but et une passe décisive. Depuis, Eric Maxim n’est que rarement sorti du onze de Julian Nagelsmann. Il est devenu le buteur providentiel du club munichois et enchaîne les buts et les prestations convaincantes. Avec 17 buts et quatre passes décisives à ce stade de la saison, il affiche le meilleur bilan statistique de sa carrière. Ajouté à la considération et à la reconnaissance du club envers lui, comme en témoigne sa récente prolongation, et à l’amour du public à son égard, Choupo-Moting a enfin trouvé sa terre promise.
À 34 ans, le natif d’Hambourg, qui n’a cessé de multiplier les galères, est plus proche de la fin qu’autre chose. Mais comme quoi, il n’est jamais trop tard pour trouver sa voie et briller. Choupo-Moting, c’est l’histoire d’un lion blessé qui a toujours su se relever. L’histoire d’un « rebondeur » hors pair.
Aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre d’années. C’est tout ce que je peux dire par rapport à la carrière de Choupo-Moting. Il n’a jamais baissé les bras malgré les critiques(surtout lors de son passage au PSG). Il ne se plaint pas beaucoup et reste toujours professionnel et humble.