Hambourg SV, le dinosaure d’Allemagne qui peine à remonter

Descendu en deuxième division allemande à l’issue de la saison 2017-2018, le Hambourg SV ne parvient pas à retrouver l’élite du football allemand. Chaque année, le HSV est aux portes de la montée. En vain, pour l’instant.

Le stade du Hambourg SV, le Volksparkstadion a une capacité de 57 000 places. Photo : Hambourg SV

La fin d’une histoire longue de plus d’un demi-siècle. Le 12 mai 2018, le Hambourg SV est officiellement relégué en Bundesliga 2. Le club vainqueur de la Ligue des Champions 1983 quitte pour la première fois la plus haute division du football allemand. Dans l’antre de ce club mythique, une horloge s’est arrêtée ce jour-là. Elle indiquait le temps passé par le club en Bundesliga et s’est stoppée après 54 ans, 266 jours, 36 minutes et 2 secondes.
La fin d’une saison très compliquĂ©e pour le HSV, 17e du championnat. Les joueurs entraĂ®nĂ©s, Ă  l’époque, par Christian Titz n’ont rĂ©coltĂ© que 31 points en 34 matchs (8 victoires, 7 nuls, 19 dĂ©faites).  « Je suis un peu déçu car je pense que nous avons bien travaillĂ© lors de ces huit derniers matchs, l’Ă©quipe s’est très bien comportĂ©e. Nous savions que ce serait difficile et malheureusement, nous n’y sommes pas arrivĂ©s, dĂ©clarait Christian Titz, entraĂ®neur d’Hambourg, après le match. Cette dĂ©ception est d’autant plus grande que nous partons sur une victoire Ă  domicile ! Mais bien sĂ»r, nous savions Ă  l’avance que tout dĂ©pendait aussi des rĂ©sultats des autres matches. »

supporters Hambourg SV
Des débordements ont eu lieu lors du match de la relégation à Hambourg, la rencontre avait dû être interrompue 20 minutes. Photo : DW

Cette descente historique en deuxième division allemande entraîne un énorme chamboulement au sein du club, tant pour son effectif que son identité. La majeure partie des cadres de l’équipe sont vendus à l’image de Nicolai Müller, Dennis Diekmeier ou encore Filip Kostic. En parallèle, le club change radicalement sa stratégie de recrutement. Habitué à acheter des joueurs déjà bien connus du grand public, il accorde désormais beaucoup plus d’importance à son centre de formation. Dès la première saison en Bundesliga 2, les dirigeants font appel à 14 joueurs de l’équipe réserve, en Regionalliga Nord (4e division).

Des débuts mitigés

Cette nouvelle tendance, entraînée par la chute de leurs recettes financières, provoque logiquement un grand rajeunissement de l’effectif. À tel point que le Hambourg SV aligne la plus jeune équipe depuis la création des championnats de Bundesliga, avec une moyenne d’âge de 22,7 ans. Malheureusement pour eux, leur premier match en deuxième division allemande ne tourne pas en leur sens. Bien au contraire. Le 3 août 2018, le HSV s’incline lourdement face à l’Holstein Kiel, en match d’ouverture de la saison (3-0). Des débuts compliqués, mais qui ne découragent pas les jeunes relégués. Ils se relancent parfaitement par la suite avec quatre victoires en autant de matchs.

Puis l’équipe s’écroule. Quelques semaines plus tard, le Dino subit la pire défaite à domicile depuis la création du club (1887), en s’inclinant 5 buts à 0 contre le Jahn Regensburg. Ce revers signe le début d’une mauvaise période, notamment marquée par un match nul contre Sankt Pauli (0-0), le rival historique face auquel se joue le « derby de la haine ». Le type de rencontres électriques où des confrontations peuvent éclater à tout moment, comme le soulignent nos confrères de Ostadium : « On sent une véritable haine entre les deux camps ». Cette mauvaise série coûte la tête de l’entraîneur, Christian Titz, qui est remplacé par Hannes Wolf.

… et des Ă©checs successifs

S’ensuit alors une saison 2018-2019 oĂą le nouvel entraĂ®neur et les joueurs donnent tout pour arracher un retour dans l’élite du football allemand, un an après leur descente. Hambourg termine la première partie de la saison en enchaĂ®nant les victoires et conclut l’annĂ©e comme champion d’automne, après avoir passĂ© plus de dix journĂ©es en tĂŞte de la deuxième division.

En Allemagne, la quatrième place ne signifie ni promotion directe ni barrage.Photo : Hambourg SV

Lors de la deuxième moitiĂ© de saison, tout s’écroule et les Allemands quittent leur piĂ©destal. Le HSV ne connaĂ®tra que deux satisfactions. La victoire 4-0 dans le derby de Hambourg et une demi-finale de Coupe d’Allemagne (perdue 3-1 face Ă  Leipzig). « Nous avons très mal dĂ©fendu le premier but. Nous avons dĂ©jĂ  parlĂ© du fait que Leipzig tirait rapidement des coups francs. Et puis on a laissĂ© (Naby) Keita tirer librement », regrettait Andre Hahn, ancien joueur du club, bien conscient des lacunes de son Ă©quipe. En championnat, les Hambourgeois terminent Ă  la quatrième place et Ă©chouent dans leur « mission remontĂ©e ». Cette deuxième partie de saison rime avec fiasco pour le HSV.

Les exercices qui suivent seront parfois meilleurs, mais jamais suffisants. En 2020, après avoir passé la majeure partie de la saison à une place de promotion, les Rothosen (pantalons rouges) finissent de nouveau à la quatrième place. Rebelote l’année suivante. Décidément, cette équipe n’a pas conservé son statut de leader depuis sa descente et termine, une troisième fois, au pied du podium, enlisé au deuxième échelon national. 

Entre temps, le Dinosaure change d’entraĂ®neur. Après ĂŞtre passĂ© sous les ordres de Dieter Hecking et de Daniel Thioune – le premier technicien africain Ă  diriger un club allemand -, l’effectif hambourgeois est dirigĂ© par Tim Walter, Ă  partir de juillet 2021.

Ils y étaient presque…

Hambourg SV - Stuttgart
Les Hambourgeois ont disputé, à nouveau, les matchs de barrage cet été 2023. Photo : Hambourg SV

L’ancien entraĂ®neur du Bayern Munich II (puis U17), mais aussi du VFB Stuttgart, mène dès la première saison le club vers un palier jusque-lĂ  inconnu : la troisième place de Bundesliga 2. Au terme de l’exercice 2021-2022, les Hambourgeois rĂ©alisent leur meilleure saison d’un point de vue comptable, et engrangent 60 points. Ils terminent troisièmes du championnat, soit la première et seule place de barrage. C’est une opportunitĂ© rĂŞvĂ©e afin de retrouver la Bundesliga. Pour remonter, les Allemands doivent absolument remporter une double confrontation contre le Hertha Berlin. Au match aller, les Dino se dĂ©placent, et malgrĂ© des pronostics en leur dĂ©faveur, l’emportent sur le plus petit des scores (0-1). Une marge trop faible puisqu’ils sont rattrapĂ©s puis vaincus sur leur pelouse lors du match retour (0-2).

Le club du nord de l’Allemagne se relève durement de cette défaite, mais les joueurs sont encore une fois loin de baisser les bras. Ils réalisent de nouveau une saison de haut vol et terminent avec 66 points au compteur, un total habituellement synonyme de montée au premier échelon. Mais le Hambourg SV n’a décidément pas de chance et finit un petit point derrière les deux promus (Darmstadt et Heidenheim).

Un nouvel Ă©chec d’autant plus cruel que le Dinosaure s’est vu en Bundesliga jusqu’au dernier match de la saison, les supporters ayant mĂŞme envahi la pelouse pour fĂŞter cela. Mais le sport est cruel, puisque Heidenheim est parvenu Ă  marquer deux buts dans les arrĂŞts de jeu (90+3′, 90+9′) et Ă  l’emporter 3 buts Ă  2. En barrage, les Allemands du Nord affrontent le VFB Stuttgart et s’inclinent logiquement face Ă  cette Ă©quipe qui a, par la suite, montrĂ© toute l’étendue de ses talents (6-1 au cumul).

La bonne année, enfin ?

Robert Glatzel Hambourg SV
Robert Glatzel (29 ans), attaquant du Hamburger Sport Verein depuis 2021. Photo : Hambourg SV

Si toutes les saisons prĂ©cĂ©dentes ont finalement menĂ© Ă  des Ă©checs, le HSV croit encore en ses forces et ne lâche toujours rien. Après 16 journĂ©es, les Rothosen occupent la 3e place (28 points), ce qui leur permettrait, si la situation n’Ă©volue pas, de jouer Ă  nouveau les barrages. Seront-ils capables de tenir le rythme, voire mĂŞme d’accrocher les deux premières places d’accession directe ? C’est en tout cas l’objectif fixĂ© par Tim Walter, toujours Ă  la tĂŞte de l’équipe.
Mené par des hommes forts et plein d’expérience comme Robert Glatzel (10 buts en 13 matchs de Bundesliga 2) ou encore par des jeunes talents prêts à percer à l’instar de William Mikelbrencis (19 ans), l’un des plus vieux clubs de football professionnel allemand semble plus près que jamais à revenir dans l’élite de son pays. L’équipe, qui a déjà remporté six Bundesliga et trois DFB-Pokal, est plus motivée que jamais pour faire son retour en Bundesliga. The Dinosaure is back !

Dorian Marchiset

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