Un peu plus d’un an après avoir frôlé la catastrophe industrielle et la descente en National 3, l’AS Nancy-Lorraine s’apprête à vivre à nouveau une saison charnière. S’il figure parmi les favoris du National, le club au chardon ne se cache pas et s’est donné les moyens de retrouver la Ligue 2.

On ne compte plus les clubs qui sombrent dans les abîmes du football français. Sochaux, Dijon, Valenciennes, Nîmes, Le Mans, Bordeaux, Sedan… À force de grosses erreurs, ces clubs sont tombés bien bas, très loin de leur période dorée en Ligue 1 d’il y a quelques années. L’AS Nancy-Lorraine fait partie de ces clubs ayant « surfé » sur une période faîte de succès. Mais, à cause de mauvais choix, le football est venu punir ce club. Les supporters nancéiens, pour autant toujours au rendez-vous, espèrent vibrer à nouveau pour leur club dans cette nouvelle saison.
Une équipe de coupes
L’ASNL, c’est un club pionner du football français. En effet, son centre de formation est l’un des premiers à avoir été créé – il a été ouvert au tout début des années 1970. Innovateur donc, le club au chardon va en récolter les fruits. Puisque de grands joueurs vont être formés à Nancy : Platini, Rouyer, Tony Vairelles ou, pour les plus jeunes, Clément Lenglet, actuel défenseur de l’Atletico de Madrid.
En partie grâce à ce centre de formation, l’AS Nancy Lorraine va écrire son nom sur les tablettes du football français en 1978 avec le succés de « la bande à Platini » en Coupe de France. Cette victoire sur la plus courte des marges (1-0), en finale, face à l’OGC Nice, permet au club au chardon d’obtenir le premier trophée de l’histoire du club rouge et blanc créé en 1967. Ce succès n’en entraînera pas d’autres dans la foulée. Il faudra alors attendre presque 30 ans pour que l’ASNL remporte un nouveau trophée.
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En effet, en 2006, emmenés par l’une des légendes du club, l’actuel coach nancéien, Pablo Correa, le club lorrain remporte la Coupe de la Ligue. L’Uruguayen, s’appuyant sur des cadres comme Sebastien Puygrenier, Pape Diakhaté, Cédric Lécluse ou Fabien Bancalani, mène aussi son équipe à la 4e place de la Ligue 1 en 2007-08. Le meilleur classement pour ce club ayant oscillé entre la Ligue 1, la Ligue 2 et même, aujourd’hui, le troisième échelon du football français, le National.
L’après Rousselot, la dégringolade

L’un des acteurs majeurs des succès récents de l’ASNL se nomme Jacques Rousselot. Président du club pendant 25 ans, il aura vécu les succès du début des années 2000 avec celui qu’il appelle son « fils spirituel », Pablo Correa. Mais, comme toute bonne chose à une fin, il a dû se résoudre à passer la main à 68 ans. Cet amoureux du club au chardon se déclarait « certain » au moment de son départ que l’ASNL pourrait avoir un rôle à jouer en Ligue 1 dans les années à venir. Avant de partir, il se chargea de trouver un successeur en la personne d’un fond d’investisseurs américains. Le maire de Nancy de l’époque, Laurent Hénart, se montrait confiant via ses réseaux sociaux : « Il (Rousselot) prépare aujourd’hui la pérennité de l’ASNL et le renforcement de ses moyens. Je sais qu’il restera actif pour l’équipe au chardon ».
Le potentiel pour remonter en Ligue 1 ?
Mais, malgré ces belles paroles, rien ne se passera comme prévu. Le consortium international composé d’investisseurs chinois, américains et indiens placera Gauthier Ganaye comme président. Déjà connu du championnat de France, il était passé par l’OGC Nice pendant quelques mois. Plein d’ambitions, le dirigeant français annonçait comme objectif le « maintien en Ligue 2 ». Avant de commencer la « construction d’une équipe compétitive pour être en haut du tableau ». Il ajoutait même que le club lorrain avait le potentiel pour « remonter en Ligue 1 et qu’il le mérite ».
Mais les actes ne suivront pas ces discours. Cinq ans après, l’Association Sportive Nancy-Lorraine démarre la troisième saison consécutive au troisième échelon du football français, en National. Et ce, après avoir frôlé la catastrophe à la suite de la saison 2022-23 terminée à la 13e place du classement. Résultat, le club était promis à une descente en National 2 voire même en National 3. Mais, les “dieux” du foot ont décidé d’être cléments avec le club, repêché en National à la suite de l’exclusion de Sedan des championnats nationaux.
Des hommes forts à la rescousse de l’ASNL
On peut dire que cette frayeur a été un avertissement sans frais ou presque. Pour les propriétaires, Krishen Sud et Chien Lee, c’est un vrai soulagement. Sur France Bleu, ils déclaraient : « Nancy mérite la N1, c’est un club historique. Nous sommes très heureux de la décision de ce jeudi, pour la ville, pour les fans et pour les habitants ». Avant de se lancer un nouvel objectif ambitieux : remonter en Ligue 1 d’ici quatre ans.
Pour cela, il est important de placer les bons hommes aux postes fondamentaux du club. Les investisseurs du club vont alors se diriger vers des personnages bien connus des supporters qui ont contribué aux succès de l’ASNL. On peut citer Nicolas Holveck, qui arrive en juillet 2023 en qualité de président du club. Ce dernier a été choisi pour son expérience à la tête de clubs de haut niveau au sein du club du chardon, de l’AS Monaco et du Stade Rennais. Il a ensuite eu un rôle important dans le rétablissement du club et dans sa restructuration pour que l’ASNL ne vive pas au-dessus de ses moyens comme il le faisait auparavant.
Le come-back de Pablo Correa

Mickael Chrétien a aussi été l’un des hommes phares de la restructuration du club. L’ancien joueur du club au chardon de 2002 à 2011 est revenu en tant que directeur sportif. Il a mis sa patte au mercato de son club de cœur en allant chercher les milieux de terrain Maxence Carlier et Benjamin Gomel, et les attaquants Walid Bouabdeli et Cheikh Touré, qui font aujourd’hui le bonheur du club.
En novembre 2023, Nicolas Holveck faisait également revenir Pablo Correa dans son club de toujours, ou presque. Après de mauvais résultats en ce début de saison 2023-24, le président de l’ASNL actait donc le retour de l’une des légendes du club, celui avec qui il a travaillé pendant des années. Le coach uruguayen a en effet passé 18 ans en Lorraine, cinq en tant que joueur et 13 en tant qu’entraîneur. Et pour cette première saison de retour sur le banc de l’ASNL, ce dernier obtient très rapidement des résultats probants. À tel point que son groupe manque de peu la montée en Ligue 2 (6e). Partie remise ?
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La saison 2024-25, un rendez-vous pour la montée à ne pas manquer
Contrairement aux années précédentes, le club affiche ses ambitions. Et, elles sont claires puisque, sur le site du club, un article en date du 2 septembre stipule : « L’ambition de construire une équipe qui ait les moyens de se mêler à la lutte pour la montée en Ligue 2 dans un championnat jamais aussi relevé ». Et, pour cela, les investisseurs souhaitent une synergie autour du club au chardon. « L’engagement de tous, collectivités, partenaires, supporters, staffs, joueurs, pour s’approprier cet objectif commun », écrivent-ils. Une chose est sûre, les fans du club ont répondu présent. En effet, la barre des 5 000 abonnés a été franchie.

Une réussite pour le club qui compte particulièrement sur la ferveur de ses supporters pour aller chercher la montée. L’effectif, de son côté, a été renouvelé à la suite des départs de deux cadres de la défense que sont Prince Mendy et Gaetan Bussmann. Malgré ces deux départs importants, le club au chardon les a compensés par des joueurs expérimentés à ce niveau. À l’instar de Nicolas Saint-Ruf, ancien pensionnaire de l’ASNL passé par Orléans, et Adrien Julloux et Cazim Suljic, en provenace du Goal FC. Sans oublier les joueurs majeurs de l’effectif de l’an passé comme Benjamin Gomel ou Cheikh Touré, qui ont été convaincus de rester au moins une année de plus en Lorraine.
Résultat : un début de saison prometteur qui place l’ASNL en tête du classement après huit rencontres (15 points, ex-aequo avec Concarneau et Orléans). La suite de la saison montrera si le club au chardon est en mesure de jouer les premiers rôles au sein d’un championnat qui s’annonce toujours plus compétitif avec la présence de clubs comme Valenciennes, Sochaux ou même Dijon.