Romain Samson, gardien de l’US Pays de Cassel : « J’ai presque profité de prendre des buts contre ce genre de joueurs »

Au lendemain d’une rencontre de gala face au Paris Saint-Germain dans un stade Bollaert en liesse, Romain Samson, portier de l’US Pays de Cassel, n’était toujours pas redescendu de son petit nuage. Et ce malgré les sept buts encaissés, mais déjà facilement digérés.

Romain Samson affrontait le PSG, pour la deuxième fois de sa carrière. – Photo : Emile Pawlik

Il est de ces héros d’un soir, d’un parcours, d’un exploit. Ceux pour qui la Coupe de France représente une vitrine tout aussi formidable qu’inespérée. À 35 ans, Romain Samson a pu sortir de son anonymat quotidien le temps d’une parenthèse enchantée. Et le gardien casselois a beau ne pas en être à son coup d’essai, il n’en reste pas moins subjugué par cette magie si singulière.

Un peu moins de 24 heures après, que ressens-tu malgré l’élimination ?

De la joie, du bonheur d’avoir vécu cela avec mes coéquipiers, avec tout ce stade qui était venu pour nous et tous mes proches, avec ma famille qui a fait trois heures de route depuis la Normandie pour assister à ce match.

Tu es un gardien de R1 et tu t’apprêtes à affronter l’une des meilleures attaques du monde en termes d’individualité. Comment appréhendes-tu ce match où tu sais que tu peux prendre une valise ?

On sait très bien que de toute manière, si les mecs ont envie de marquer, on les en empêchera difficilement. Donc on se dit qu’on va faire ce qu’on peut, et on a bien vu que c’était compliqué de faire quelque chose. Mais il n’y avait aucune appréhension particulière par rapport à ce match, c’était juste excitant de jouer face à des joueurs comme eux. Le maître-mot, c’était profiter du moment, du stade et du fait de jouer contre des joueurs de classe mondiale.

En 2016, tu étais déjà dans les buts de l’équipe de Wasquehal qui a affronté le PSG. Cela a-t-il été précieux dans la préparation de ce match ?

Oui, parce que je savais déjà comment se passaient les choses, les moments forts, les moments faibles, etc. J’étais plus détendu et j’ai davantage profité, notamment de l’ambiance. Il y avait moins de stress.

Au tour précédent, Pays de Cassel a d’ailleurs éliminé Wasquehal. Qu’as-tu ressenti sur le moment ?

Beaucoup d’émotion, parce que j’ai vécu ces choses-là et je savais ce que la qualification ou l’élimination pouvaient provoquer derrière. Mais de mon côté, j’étais heureux. Surtout que je commence à être vieux et que je sais que, pour l’avoir déjà vécu une fois, ce sont des moments exceptionnels. Ça m’a vraiment touché de pouvoir revivre cela une seconde fois. Après, il y avait aussi un peu de tristesse parce que j’avais des amis en face, des joueurs avec qui j’ai joué pendant plusieurs années. Mais c’est le foot, il y a toujours des déçus.

« Je ne suis pas sorti triste de ce match »

Après Feignies-Aulnoy ou encore Wasquehal Foot, Romain Samson fait le bonheur de l’US Pays de Cassel. – Photo : Emile Pawlik
Pour en revenir à ce seizième de finale face au PSG, quand tu rentres sur le terrain quelques minutes avant le coup d’envoi, que ressens-tu ?

De l’excitation, beaucoup d’excitation. D’abord parce que c’est déjà incroyable pour nous de jouer devant autant de monde. Et puis quand on va serrer la main des adversaires, on voit Kylian Mbappé, Neymar… c’est complétement irréel. D’ailleurs, j’avais des coéquipiers qui ne s’en rendaient pas compte à la fin du match et qui se disaient : « Putain (sic), on vient de jouer des mecs qui viennent de disputer la Coupe du monde, qui ont remporté des Ligues des Champions. » C’est absolument fou.

Tu as joué sur le même terrain que Kylian Mbappé, Neymar Jr, Sergio Ramos…

On est heureux d’être là parce que ce sont des joueurs qu’on ne s’attend pas du tout à côtoyer dans notre vie. On prend conscience de notre beau parcours en Coupe, mais on se rend aussi compte de la différence qu’il y a entre ces joueurs et nous (rires). En termes d’intensité, de physique, de technique et de précision, c’est un autre monde. Avec toutes ces choses-là, ça reste un plaisir global parce que, pour nous, la défaite est anecdotique. Il y avait quand même peu de chances que l’on fasse un résultat positif, soyons honnêtes. Notre but, c’était surtout de ne pas prendre une valise, et on limite un peu la casse finalement. Il ne faut pas oublier que chez nous, tout le monde travaille. On fait trois entraînements par semaine et certains en font que deux. Puis on est quand même quelques anciens à être plus en fin de carrière qu’autre chose, donc le score est anecdotique. Ce n’est que du plaisir, et cela s’est vu avec l’ambiance et la façon dont on a abordé le match : on était là pour se faire plaisir. Le score est ce qu’il est, mais je ne suis pas sorti triste de ce match.

Prendre sept buts en tant que gardien, même si c’est face au PSG, ce n’est pas difficile ?

Ça aurait été difficile face à une autre équipe. Mais quand je vois que c’est Mbappé qui me met cinq buts, que Neymar m’en met un, et quand j’observe la façon dont ils se déplacent dans la surface et la rapidité avec laquelle ils exécutent leurs gestes, je me dis qu’il n’y avait pas grand-chose à faire à notre niveau. Donc tu relativises et tu profites. C’est étrange, mais j’ai presque profité de prendre des buts contre ce genre de joueurs. J’en suis même venu à sourire sur quelques-uns (rires).

Pourtant, tu es quand même parvenu à effectuer quelques arrêts et tu as été ovationné par des milliers de personnes à chaque parade…

C’est fou. On se rend compte que le moindre geste pousse le stade à s’enflammer. Tout le monde était derrière nous que ce soit pour un arrêt, un tacle ou une ressortie de balle. Il suffisait d’une petite étincelle pour que ça s’embrase. C’était dingue, on se sent soutenus et ça fait chaud au cœur. Et même quand il y avait quatre ou cinq buts, un arrêt pouvait ravir les gens.

« On est une R1 et on peut se dire qu’on a baladé pendant quelques secondes le PSG »

Une fois le premier but encaissé, on a vu l’US Pays de Cassel craquer subitement. Une explication ?

À un moment donné, ils ont commencé à accélérer. Puis le fait de prendre un but te pousse à te découvrir. Et avec le niveau qu’ils ont, ils savent profiter du moindre espace laissé. Ce fût fatal tout de suite. Je pense que le premier but engendre une petite perte de confiance pour nous, c’est un petit coup derrière la tête. Directement, on est légèrement désorganisés et sur un ballon perdu, un mauvais placement ou une mauvaise sortie, ils nous manquent les quelques centimètres pour pouvoir régler le problème. Derrière, ils ont une précision qui est redoutable. Ils filent au but et c’est terminé.

Malgré tout, il y a quand même eu quelques situations où Pays de Cassel s’est approché des buts parisiens pendant la première demi-heure. Y a-t-il eu quelques regrets compte tenu de votre très bonne première demi-heure ?

C’était difficile d’espérer quoique ce soit. Il y a une telle différence entre les deux équipes et on passe tellement de temps à défendre qu’on doit parcourir 80 mètres pour aller jusqu’au but adverse. Il y a peut-être quelques regrets de ne pas s’être procuré une ou deux occasions, mais on a donné le maximum, on ne pouvait pas faire plus. Et puis on a vu qu’on pouvait faire de belles sorties de balle collectives, surtout en première mi-temps. Rien que ça, c’était déjà un plaisir pour nous.

Notamment une séquence avec une dizaine de passes au quart d’heure de jeu…

Celle-ci, elle était folle ! Même moi, dans mes buts, j’étais complètement fou de voir mes coéquipiers jouer à ce niveau ! (rires) Puis on sentait la ferveur du public derrière nous, ça donnait des frissons. On est une R1 et on peut se dire qu’on a baladé pendant quelques secondes le PSG (rires).

« Le match d’hier surpasse tout ce que j’ai vécu jusque-là »

Le portier casselois entretient une relation particulière avec la magie de la Coupe de France. – Crédit : Emile Pawlik
Justement, vous avez réuni près de 40 000 personnes derrière une petite équipe de R1, et même des centaines de milliers devant leur télé…

C’est impensable. Je ne sais pas si on s’en rend compte, c’est difficile d’y croire. Il y a eu un engouement immense après notre qualification (face à Wasquehal, ndlr), en sachant qu’on allait affronter le PSG derrière. C’est un emballement médiatique avec un engouement dans toutes les Flandres, c’est incroyable. On n’est pas près de réaliser !

Par le passé, tu as été acteur de bon nombre de parcours en Coupe de France avec des équipes non professionnelles (2016, 2017, 2021, 2023). Est-ce que tu penses être le “monsieur plus” dans cette compétition ?

Je n’ai pas une fibre particulière pour la Coupe, même si j’aime beaucoup les séances de tirs au but. Mais je crois que j’ai surtout de la chance (rires). Affronter deux fois le PSG, jouer deux fois à Bollaert, je pense que c’est pas mal pour un gardien de mon niveau. Je crois que j’ai quelques petits trucs sur les penaltys qui font la différence dans chaque parcours. Les matchs à enjeu direct, c’est toujours quelque chose que j’ai affectionné. Il n’y pas le droit à l’erreur et en tant que compétiteur, c’est là que l’excitation est la plus grande. Tu gagnes, ou tu sors.

Ce parcours est-il la plus belle chose que tu as vécue jusqu’ici en tant que footballeur ?

Le parcours en lui-même, je ne sais pas. Chaque parcours a un peu son histoire, donc c’est difficilement comparable. À Wasquehal, je jouais avec des amis qui étaient même au stade ce week-end (contre le PSG, ndlr). Actuellement, je joue avec une équipe où l’ambiance est très bonne. Par contre, le match d’hier surpasse tout ce que j’ai vécu jusque-là. Même le premier que j’ai joué face au PSG, parce qu’avec la ferveur de Bollaert, avec l’équipe alignée en face, c’était encore autre chose.

Enzo Pailot

Partagez avec :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *